Plus de justice, maintenant ! C'était un des leit-motiv de la campagne présidentielle. La concrétisation de cette décision dans la vie de tous les jours devrait prendre la forme d'un élargissement des tarifs sociaux pour le gaz et l'électricité. L'objectif affiché est de permettre aux ménages en difficulté financière de pouvoir néammoins accéder à l'énergie sans craindre de voir le gaz ou l'électricité coupés à tout bout de champ, à cause de factures impayées.
La conséquence, c'est que ce sont les autres consommateurs "normaux" qui vont prendre en charge une partie de leurs factures. En bénéficiant demain à 4,2 millions de ménags contre 2,6 millions aujourd'hui, soit près de 20 % des foyers français, les tarifs sociaux vont plomber les factures des autres, essentiellement comme toujours l'indéfinissable "classe moyenne". Dans le cas présent, la classe moyenne représente tous les autres, qui payeront le tarif normal, moins les 100 000 foyers les plus aisés de France, pour qui l'alourdissement de la facture énergétique sera totalement indolore.
Selon les premières simulations de la direction du Trésor, les tarifs sociaux de l'électricité et du gaz vont coûter en tout 1,14 milliard par an, contre un peu plus de 500 millions jusqu'ici. Cette surcharge pour EDF sera récupérée sur les autres consommateurs, mais seulement partiellement, via la contribution au service public de l'électricité qui figure déjà sur la facture. Cette taxe, dont la hausse est plafonnée par la loi, devrait augmenter de 10 euros environ l'an prochain sur le gaz et l'électricité réunis. Mais EDF, qui a calculé que les tarifs sociaux et le soutien aux énergies alternatives comme le solaire lui avait déjà coûté 4,5 milliards ces dernières années, ne l'entend pas de cette oreille, et souhaite que les tarifs sociaux soient financés par d'autres moyens. D'autres impôts ? Réponse dans le projet de loi de Finances 2013.