Méthode anglaise : à quelques heures de la date du 10 octobre, date limite pour les négocations sur le rapprochement entre les groupes franco-allemand et anglais d'aéronautique et de défense, le ministre de la Défense britannique a posé ses conditions. interviewé par la BBC, la radio d'Etat, comme si tout était calculé, il a déclaré qu' "il est nécessaire de réduire [la participation au capital des Etats français et allemand] en dessous du niveau leur permettant de contrôler ou d'orienter la manière dont agit l'entreprise”, en l'occurence la future entreprise qui naîtrait de la fusion des deux groupes.
L'Allemagne n'est pas actionnaire directement d'EADS, mais devrait racheter les parts de Daimler, qui l'est, et souhaite logiquement sortir, n'ayant plus d'intérêt industriel à participer au nouveau groupe. Tout cumulé, l'Allemagne pourrait se trouver à la tête de 14% du capital de la nouvelle entité. La France, elle, après dilution lors de la fusion, détiendrait une participation de 9 %. Ces seuils sont trop faibles en théorie pour pouvoir activement faire pression sur la stratégie de l'entreprise, mais dans les faits, ces participations seraient assorties de la détention d'actions à droits spéciaux, permettant par exemple de s'opposer à certaines mesures, ou d'imposer à droit de veto lors de certaines décisions. On imagine que tout ce qui pourrait avoir trait à des créations ou fermetures d'usines, par exemple, serait dans le périmètre de ces privilèges d'actionnaires...
En face, les britanniques, après avoir exprimé le souhait que les Etats sortent du capital, notamment pour ne pas créer d'histoire avec les américains qui pourraient écarter le futur groupe de ses appels d'offres pour cette raison (ce qui n'a pas empêché EADS jusqu'ici de participer à bien des compétitions outre-atrlantique), souhaitent limiter la participation de la France et l'Allemagne à 9 %, grand maximum. Et demandent des engagements sur ce point. Pour l'Allemagne, c'est en théorie facile, puisqu'elle n'est pas actionnaire d'EADS. Il lui suffirait de ne racheter qu'une partie des parts de Daimler. Pour la France aussi, puisqu'elle détiendrait 9% du nouveau groupe, justement. Mais si le groupe Lagardère, qui détient 7,5% du capital d'EADS voulait sortir, avec cette règle imposée par Londres, Paris ne pourrait pas se porter acquéreur...
Il reste 48 heures à la France, l'Allemagne, la Grande Bretagne, EADS, BAE, Daimler, etc pour s'entendre.