La politique est morte, vive la politiéconomie

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 13 août 2012 à 8h00

Depuis la crise de 2008, l’information économique est passée progressivement d’une position secondaire voire négligée dans les médias, à la première place.

Il suffit pour s’en convaincre de pointer les titres de « Une » des grands quotidiens, ou encore les sujets d’ouverture des « 20 Heures ». Sur les douze derniers mois, en incluant la campagne pour l’élection présidentielle et les élections législatives, les sujets liés à l’économie ont occupé une place plus que prépondérante. Les politologues ont unanimement reconnu que la campagne présidentielle avait été quasiment exclusivement consacrée aux sujets économiques, prouvant à quel point économie et politique sont désormais indissociables.

Désormais, qu’on le veuille ou non, TOUT EST ECONOMIE, à commencer par la politique.

Nier, aujourd’hui, en 2012, après quatre années de crise majeure qui seront indubitablement suivies par plusieurs autres années difficiles encore, peut-être, des décennies, que l’économie n’est pas le cœur de l’actualité politique, le noyau, le centre, le moteur, serait nier la plus criante des évidences. L’action du gouvernement de Jean-Marc Ayrault est ainsi analysée, suivie, louée, critiquée, à 90 %, sur son action économique. En toute bonne foi, essayez de lister ce qui, depuis le changement de majorité, a été annoncé comme décision politique, qui ne serait pas d’abord économique ? En faisant rapidement l’exercice, à part le projet de suppression des peines planchers prononcées pour les récidivistes, ou l’adoption d’une loi autorisant le mariage homosexuel, tous le reste est « éco ».

Et encore : la suppression des peines planchers vise aussi à désengorger les prisons, qui ont atteint au mois de juin dernier leur taux de remplissage record. C'est une mesure d'économie qui ne dit pas son nom. Le nouveau gouvernement a annoncé ne pas souhaiter continuer le plan de construction de nouvelles prisons aussi bien pour des raisons dogmatiques…qu’économiques. Quant à l’adoption d’une loi visant à autoriser le mariage homosexuel, s’il s’agit de faire reconnaître par la loi des situations de fait, la loi ne va pas contribuer à les créer mais bien créer des conséquences juridiques, essentiellement… économiques, pour les contractants ! Fiscalité, successions etc… le mariage homosexuel est d’abord destiné à créer un nouveau cadre juridique donc économique à ceux qui le choisiront, plutôt que le concubinage ou le PACS qui ne produisent pas les mêmes effets.

Impossible donc désormais de faire de la politique politicienne, en faisant des promesses intenables, ou en annonçant des mesures irréalistes. L'homme politique aura désormais une calculette dans la main en permanence. Pas un discours, pas une annonce, ne saurait se faire sans un chiffrage précis des mesures proposées ou décidées.

Désormais, la politique céde la place à à la politiéconomie, ou tout autre néologisme que l'on voudra bien inventer pour définir cette fusion inéluctable entre le politique et l'économique, dictée tant par les évènements que par le bon sens.

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).