Combien de temps nous reste-t-il avant l’Eurogeddon ? (2/2)

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Charles Sannat Modifié le 10 juillet 2012 à 16h05

Pour lire le début de cette tribune, cliquez-ici

Des désaccords de plus en plus flagrants

Pendant ce temps encore et toujours, la nécessité pour les Etats de garantir la future recapitalisation directe des banques en difficulté par le fonds de secours de la zone euro semblait faire encore l’objet d’un débat, lié notamment au calendrier de mise en place d’une véritable union bancaire.

Les dirigeants de la zone euro ont décidé le 29 juin de créer rapidement un « mécanisme de surveillance unique » des banques et en ont fait un préalable logique à la recapitalisation des banques par le Mécanisme européen de stabilité (MES).

L’objectif de la recapitalisation directe des banques est d’éviter que le sauvetage des établissements financiers ne vienne alourdir la dette d’Etats déjà en difficulté sur les marchés.

Or un haut responsable de la zone euro avait avancé une version différente. Selon lui, la garantie des Etats sera nécessaire tant qu’une véritable union bancaire ne sera pas en place, rajoutant que cette « union bancaire » prendra beaucoup plus de temps à voir le jour, car elle suppose, en plus du superviseur unique, un mécanisme commun de résolution des crises. Tant que cette union ne sera pas opérationnelle, « le MES ne pourra prendre de participation dans des banques qu’en échange de la garantie des Etats », avait assuré ce responsable.

Sans recapitalisation urgente, les banques espagnoles tomberont puisqu’elles sont déjà en faillite. Encore une fois, le temps de l’Europe n’est ni celui de la crise, ni celui des marchés.

En France tout va très bien, il manque juste 40 milliards d’euros à la BNP

Pendant ce temps-là, pour finir, le quotidien belge La Libre Belgique nous apprend que le belge Lars Machenil, nouveau directeur financier de BNP Paribas (à mon avis plus pour très longtemps), a jeté un pavé dans la mare.

En effet la BNP fait face à un déficit des dépôts dans les filiales italiennes et espagnoles estimé à environ 40 milliards d’euros par l’agence Bloomberg.

Il a laissé entendre que l’excédent de dépôts de Fortis Banque, la filiale belge de la banque française, pourrait servir à combler le déficit de dépôts évoquant un montant de 20 milliards d’euros venant de Fortis Banque et de 10 milliards venant de la filiale suisse, laquelle dispose également d’abondantes liquidités…

Alors que la banque centrale belge (si, si, les banques centrales nationales existent encore) assure qu’il n’y aura pas de transfert d’argent depuis les dépôts de clients belges vers l’Espagne ou l’Italie pour des raisons juridiques, la BNP échafaude déjà des solutions de contournement comme le scénario d’une délocalisation en Belgique des activités du financement à l’exportation et de « project finance » qui aurait l’avantage de ne pas être considéré dans ce cas comme des transferts de fonds intragroupes puisque l’activité serait localisée en Belgique [NDLR : ouf !].

Enfin, une nouvelle législation, entrant en vigueur fin 2012, va imposer de limiter les montants des transferts intragroupes à 100 % des fonds propres, ce qui va de fait limiter, pour une banque comme BNP Paribas, les possibilités d’allocation de ses dépôts. D’ou l’urgence de le faire tant que cela est encore possible dans des proportions plus importantes que ses fonds propres.

Si les médias belges commencent à se faire écho d’un véritable problème à ce sujet, vous remarquerez le silence assourdissant des journalistes français, qui sont sans doute déjà tous en vacances.

Si les dépôts de nos banques partent renflouer les déficits des filiales de l’Europe du Sud, que nous restera-t-il ?

Vous allez vous faire ruiner, rincer, laver, karchériser, ravager, piller et anéantir votre épargne. C’est cela la conséquence ultime d’une telle information.

Un instant, oui… hein ? quoi ?… hooo, bon d’accord, oui excusez moi, c’est ma femme qui regarde par dessus mes épaules (elle est en vacances et les enfants aussi…), elle trouve (encore) que je suis trop pessimiste, je crois qu’elle a raison pour aujourd’hui, puisqu’une nouvelle réunion de l’Eurogroupe devrait se tenir le 20 juillet.

Avouez, vous êtes rassurés maintenant non ? Dans onze jours l’Eurogroupe se réunit, c’est une bonne nouvelle, vous n’allez pas faire vos difficiles tout de même !

Non ?

C’est normal, la question reste toujours : combien de temps nous reste-t-il avant l’Eurogeddon ?

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.