Mais le vrai problème des gaz de schiste, c'est que nous sommes coincés, piégés, obligés d'aller les chercher. Bien sûr, j'entends déjà les Cassandre dire que l'on a toujours le choix de faire ou de ne pas faire quelque chose. C'est exact : nous avons en effet le choix de sacrifier au bas mot deux générations, en les condamnant à plusieurs décennies de crise profonde, car d'une crise de l'énergie découlera une crise économique bien plus grave encore que la crise financière que nous traversons actuellement.
L'équation est en effet ultra-simple ! Déja, lors des précédentes flambées du pétrole, l'économie mondiale a marqué le pas, et les automobilistes ont levé le pied signifiant qu'ils ne pouvaient plus suivre. La consommation de carburant a ainsi légérement baissé. Mais lorsque le pétrole, pour des raisons géopolitiques (Irak-Iran-Libye-Syrie-Venezuela-Russie-Etats-Unis etc...) ou économiques (un baril à 200 puis à 300 dollars, contre 100 aujourd'hui) deviendra un luxe, réservé aux seuls consommateurs, usines ou particuliers, qui pourront se le permettre, notre monde changera brutalement !
Demain, si nous ne faisons rien, les vacances que vous venez de passer à sillonner simplement la France, comme une majorité de Français (parmi ceux qui partent...) ou à partir au bout du monde en avion, seront tout simplement impossibles. Le train ? oui, bien sûr, mais le train ne pourra pas absorber en quelques mois ou quelques années même un afflux de nouveaux passagers. Et le train ne roule pas à l'eau, et nous sommes déja au plafond de nos capacités de production d'électricité, les mois d'hiver tout au moins. Il y a par ailleurs fort à parier que le train deviendrait alors un enjeu stratégique, réservé en priorité au transport de marchandises, avec des convois interminables, roulant à faible allure comme aux Etats-Unis, mais économiques. Le fret ferroviaire a de l'avenir..
Mais beaucoup plus grave, toutes les industries qui sont tributaires de l'énergie d'abord pour produire, des transports ensuite pour se fournir en matières premières et livrer le fruit de leur transformation, seront profondément impactées. Celles qui pourront se réorganiser, en se fournissant localement, et en trouvant des clients localement, s'en sortiront, les autres devront se réinventer ou mourir. Alors que l'Europe n'arrive pas à donner du travail à ses jeunes, avec des taux de chômage des jeunes qui atteignent dans certains pays comme l'Espagne ou la Grèce 65 % - chiffre qui n'est "que" de 25 % chez nous, mais ne prend pas en compte les milions de vrais faux étudiants dans des fillières sans avenir - est-il possible d'envisager les plonger dans une crise économique digne d'une guerre, sachant que des crises, découlent souvent dans l'histoire de l'Homme... des guerres ? Sans pétrole, elle serait amusante d'ailleurs, on en reviendrait peut-être aux tranchées et aux charges à la baïonnette.