Le Canada offre des cours d’orientation dès le début du secondaire, qui inclut une formation à la connaissance de soi et à la découverte du monde du travail et de la formation. Au Québec, les écoles sont encouragées à mettre en œuvre le concept d’école orientante, en liaison avec des réformes plus larges centrées sur la compétence. La capacité à préparer son avenir personnel et professionnel est définie comme l’un des cinq « grands domaines d’apprentissage » de la scolarité d’un élève. En outre, l’implication active de tous les acteurs est encouragée, d’abord en favorisant les discussions et la collaboration entre les enseignants et le personnel d’orientation, puis en développant des partenariats avec les parents et la communauté. Les écoles bénéficient d’une très grande souplesse pour déterminer ce qu’est une école orientante dans le cadre qui leur est défini.[1]
Le système français d’orientation à l’école fonctionne selon une logique de tri des « bons » et des « mauvais » élèves[2]. Il ne joue pas son rôle d’articulation entre le monde de l’école et le monde extérieur et pousse beaucoup de jeunes dans des voies de qui ne les intéressent pas ou vers des formations sans avenir. Il est pénalisant pour les jeunes qui n’affichent pas de bonnes notes, mais dont les talents pourraient très bien s’exprimer dans un métier qui les motive et dans un contexte professionnel. Notre système d’orientation ne valorise pas certains métiers fortement demandés, comme dans les services ou l’artisanat, qui ne nécessitent pas de niveaux de diplômes élevés mais peuvent pourtant être attractifs et offrir de bons salaires. Ceci s’explique en partie par la mauvaise connaissance de la réalité du marché du travail par le personnel d’orientation.
L’orientation à l’école est malheureusement aussi un moment où des discriminations sociales jouent fortement. Le lien entre l’origine nationale des élèves et les choix de formation secondaire après le collège en est l’une des illustrations les plus frappantes. Selon un document de travail publié par le Cereq en février 2011 et concernant la génération sortie du système scolaire en 2004, 23 % des jeunes d’origine maghrébine ont été orientés vers une classe de seconde professionnelle non conforme à leurs vœux. C’est aussi le cas pour 27 % des jeunes dont les parents sont originaires d’Afrique sub-saharienne et 25 % des jeunes d’origine turque[3]. Au sein de cette génération, 23 % des jeunes d’origine maghrébine sortent sans diplôme du lycée professionnel et de l’apprentissage, contre moins de 8 % des jeunes dont les parents sont nés en France[4]. Cette proportion s’élève à 30 % pour les garçons d’origine maghrébine[5].
En France, des réformes du système d’orientation des jeunes ont été amorcées ces dernières années. L’introduction en 2008-2009 du parcours de découverte des métiers et des formations (PDMF), se proposant d’assurer un suivi individuel des collégiens[6], est un pas dans la bonne direction. Il vise une orientation plus précoce dès le collège et un suivi individuel des jeunes dans leur orientation. Ce programme est pour l’heure plus léger que ses équivalents dans d’autres pays, notamment en termes de transmission concrète de savoirs sur le monde du travail. Plus généralement, les collèges et lycées ne disposent pas d’une autonomie suffisante ni d’un cahier des charges suffisamment engageant pour les chefs d’établissements en termes d’insertion. L’Education nationale cherche des réponses aux problématiques d’insertion : de nombreuses écoles et académies ont pris des initiatives pour renforcer le lien entre monde éducatif et monde professionnel, comme par exemple les « clubs école-entreprise », ou « carrefour des métiers ». Cependant il n’y aura de véritable effet de levier sur l’insertion professionnelle que si l’école devient plus autonome, davantage responsabilisée sur l’insertion, avec une véritable obligation de s’ouvrir au monde extérieur.
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