Tout le monde le savait déjà depuis plusieurs mois, mais tout le monde feignait aussi de ne pas le savoir.
La Grèce ne tiendrait pas ses délais pour un retour à un déficit "raisonnable" de 4,5 % ? Evidemment, vu la récession dans laquelle le pays est plongé depuis deux ans (-20%), difficile de demander à un unijambiste de courir le marathon (ou de danser le sirtaki). Accorder du temps supplémentaire à la Grèce allait couter des sous ? Bien sûr, puisque si le budget grec continue à être dans le rouge, il faut bien continuer à payer une partie des dépenses à crédit, et le crédit de la Grèce en ce moment, c'est l'Europe et le FMI piano qui le financent. Combien ? Là encore, depuis des mois, la rallonge avait été calculée : 16 à 20 milliards d'euros.
Seulement voilà, à force de repousser l'échéance, arrive le moment où il faut le trouver, cet argent. Première étape : accorder un délai supplémentaire à la Grèce pour revenir dans les clous, ou plutôt dans "des" clous, acceptables; Rappelons juste que le déficit budgétaire grec, lorsque l'on a découvert le pot-aux-roses, était de 13 % en 2010, alors que les chiffres officiels mais truqués annonçaient "seulement" la moitié...
Alors on bluffe encore. Yannis Stournaras, le ministre des finances grec, a annoncé hier avoir obtenu l'accord du FMI et de l'Europe pour prendre deux ans de plus avant d'atteindre l'objectif de 4,5 % de déficit budgétaire primaire. Annonce aussitôt contredite par les créanciers de la Grèce, qui n'ont pas encore dit oui à tout. Et en particulier pas dit oui à la rallonge, donc de 16 à 20 milliards. Mais aurons-t-il le choix ? 16 à 20 milliards, c'est "bien peu" à côté des centaines de milliards d'aides et de remises de prêts déjà accordés. On parle au bas mot de 400 milliards...