Panem et circenses, c'est définitivement démodé ! Quand le petit manuel du parfait empereur romain lui recommandait d'offrir largement des jeux et de pourvoir aux besoins alimentaires de la population de Rome pour préserver la paix des esprits, le gouvernement socialiste, à la recherche du moindre euro à gratter lors de l'examen du projet de loi de finances 2013, fait tout le contraire.
La restauration d'abord. D'accord, rien ne vous oblige à sortir dîner au restaurant le soir, ni à déjeuner au bistrot du coin à midi. Mais demain, vous en aurez encore moins envie. Le rapport du député PS Thomas Thévenoud, qui était chargé d'évaluer l'impact de la baisse de la TVA sur la restauration, conclu sans équivoque sur l'iniquité de la mesure décidée par Nicolas Sarkozy en 2007. Le coût annuel de la mesure, estimé à 3 milliards d'euros, n'a pas produit les effets espérés affirme Thévenoud.
L'emploi ? Sur les 20 000 places que la profession devait créer en plus chaque année selon les accords, seuls 6500 par an sont au rendez-vous. La baisse des prix sur les cartes des restaurateurs ? Sur les 860 millions d'euros d'économies que les consommateurs auraient dû réaliser, seuls 590 millions l'ont été réellement jusqu'à la fin de l'année derniere, 400 millions depuis le début de l'année. Rappelons que tout cela a été décidé en 2007, et qu'entre temps, une crise, la pire que le monde a connu depis 1929, s'est abattu sur la restauration comme sur bien d'autres professions. Qu'à cela ne tienne, Thévenoud recommande, soit, de faire passer la TVA à 11 ou 12 %, ce qui pose un problème, puisque les règles européennes interdisent la création de plus de deux taux réduits de TVA par rapport au taux normal. La solution pourrait consister à remonter tout le monde à 12%. On imagine le drame.
Solution 2, la plus radicale : revenir à 19,6 %. Les restaurateurs, qui enregistrent déjà une baisse de leur activité de 3% depuis le début de l'année, mais surtout ont fait un très mauvais mois de septembre (-10 à 30% parfois), suivi par un mois d'octobre tout aussi morose, avertissent le gouvernement : c'est 20 000 défaillances d'entreprises et 100 000 licenciements à la clef. Déjà, le gouvernement envisage de créer un mécanisme de compensation pour les entreprises les plus fragiles, en fonction de leur taille ou du respect de certains engagements, notamment en matières d'approvisionnement. Comment ? En créant des subventions réservées à certains, faussant une fois de plus dans un secteur de l'économie la libre concurrence. Pas sur que Bruxelles appréciera.
Reste la solution de ne plus sortir le soir, et de se faire un plateau télé. Patratras ! la redevance de 125 euros en 2012, qui devait déjà passer à 129 euros, pourrait prendre encore 2% supplémentaire et grimper à 131 euros, soit une hausse de 6 % de la redevance, alors que l'inflation tourne autour de 2 %. Et rien ne sert d'écrire à votre inspecteur des impôts pour lui dire que vous ne regardez pas France 2, France 3, France 4 ou France O. La redevance télé, qui finance le service public, est le seul abonnement à des chaînes de télé que vous ne pouvez arrêter, même si vous ne le consommez pas !