Cliquez ici pour lire le début...
Continuons à être objectif. Les marchés comme les agences de notation ont eu cette même attitude de retenue. C’est bien et suffisamment rare pour être souligné. Souvenez-vous juste après les élections. Beaucoup pensaient que ce serait la catastrophe sur les taux de la dette française. En réalité quelques jours après l’arrivée du président Hollande, les taux n’ont pas explosés à la hausse, ils se sont effondrés. C’était un signe positif.
Mais attention, la déception sera au niveau des espoirs déçus. La catastrophe nous guette. Ce mouvement risque d’être, non, sera de courte durée si nos politiques ne prennent pas les choses sérieusement en main. Ce n’est pas tout de dire que nous traversons une crise très grave. Encore faut-il le traduire en actes. Pour le moment rien.
Pour Hans-Peter Keitel, "dans le modèle allemand, la croissance est obtenue dans les entreprises, tandis que demeure en France un modèle où l’on va organiser la croissance à partir de l’interventionnisme de l’Etat" et de rajouter "qu’il faut que la France change très vite d’orientation".
Enfin pour conclure, il est impératif que la "France empêche les marchés financiers de mettre en doute la solvabilité de l’Etat français".
Car si c’était le cas, pour lui "ce serait la fin de l’euro système si la France était mise sous tension et parvenait à des conditions de refinancement comparables à ce que connaissent aujourd’hui l’Espagne et l’Italie".
Voilà l’essentiel du message de nos camarades d’outre Rhin. Si la France lâche le peloton de tête alors l’euro ne pourra survivre (et on est en droit de poser la question de savoir si d’ailleurs l’euro doit survivre). Il ne peut y avoir de projet de monnaie unique en Europe sans une France qui adhère un temps soit peu à l’approche pragmatique économique allemande.
Nous devons abandonner et vite le dogmatisme français dont je trouve le retour assez saisissant. Je pense que la paralysie quasiment palpable qui touche le gouvernement et notre nouveau président est liée à un problème de fond. L’incapacité de choisir réellement une stratégie claire. Le problème est simple et ses implications énormes. Effrayantes.
Soit la France s’aligne sur l’Allemagne et la rigueur menée par les socialistes français devra être saignante. Soit la France fait une politique socialiste. Mais cela implique de sortir de l’euro, de retrouver nos prérogatives monétaires et notre independence et de monétiser comme nous le souhaitons en faisant marcher notre propre planche à billets. Le gouvernement temporise pour ne pas avoir à choisir. Mais au bout il devra faire un choix. C’est aussi cela que nos amis allemands essaient de nous expliquer.