C'est ce matin lundi 5 novembre que le rapport maudit commandé par le gouvernement cet été à Louis Gallois -un homme du sérail, puisqu'il a travaillé dans plusieurs cabinets ministériels de gauche avant de devenir patron d'industrie (SNCF, AIRBUS, EADS), sera rendu public. Avec trois semaines de retard sur la date initiale, mais qui tombait mal, en pleine ouverture des débats à l'Assemblée sur le Projet de loi de finances 2013...
Nombreux sont ceux qui prétendent avoir lu un brouillon du rapport, ou encore deviner ce que Louis Gallois et les co-rédacteurs du rapport qui portera son nom avaient en tête. Dans les faits, rien d'extraordinairement sorcier : ce que doit recommander Louis Gallois a déja été préconisé par nombre d'économistes, qui plus est aussi bien de droite que de gauche...
D'abord et avant toute chose, le rapport doit s'attaquer au sujet tabou qui n'en est plus un, même à gauche : le coût du travail. Louis Gallois proposerait de baisser les cotisations sociales des entreprises françaises de 30 milliards d'euros, et en particulier les charges patronales pour que cela améliore immédiatement la rentabilité des entreprises, et donc leur permettre de respirer en trésorerie (les charges se paient tous les mois ou tous les trimestres), mais aussi et surtout en résultat : Celles qui perdent de l'argent en perdraient moins, celles proches de l'équilibre l'atteindraient, celles qui en gagnent en gagneraient plus, incités de facto à investir ou embaucher. Ces réductions de charges toucheraient tous les salaires allant du SMIC à 5000 euros, soit l'immense majorité des salariés français, cadres moyens ou dirigeants y compris.
En revanche, pas de suprise à attendre du rapport : celui-ci était consacré à la restauration de la compétitivité. Pas aux moyens pour financer les mesures proposées ! Ainsi, c'est au gouvernement qu'il incombera, s'il décide de suivre le rapport de trouver les recettes nécessaires pour réduire les charges des entreprises. Or, comme la TVA sociale a été abrogée, que la CSG ne fait pas l'unanimité à gauche, il faudra soit créer un nouvel impôt, soit augmenter la TVA "tout court", soit, faire subir une cure d'amaigrissement accélérée aux dépenses de l'Etat. On en saura plus mardi soir, à l'issue du séminaire gouvernemental qui devrait décortiquer le rapport Gallois.
Autre mesure préconisée par le rapport Gallois, et très attendue par les entrepreneurs depuis des années, un "small-business act" à la française. Le "small business act", aux Etats-Unis, oblige les administrations à réserver un certain pourcentage de leurs commandes publiques, située entre 10 et 30%, aux petites PME, alors que les règles des marchés publics aujourd'hui privilégient structurellement les entreprises installées, et habituées à participer aux appels d'offres.
Louis Gallois s'attaque également à un autre tabou, en recommandant de relancer les recherches et expérimentations sur le gaz de schiste, ce à quoi les écologistes à l'Assemblée comme au gouvernement sont fermement opposés.
Enfin, le rapport émet d'autres conseils de portée plus générale ou technique. Par exemple, sur le soutien à l'exportation, en augmentant les garanties export de type Coface. Ou encore l'idée de donner plus de pouvoir aux représentants des salariés dans les conseils d'administration des grosses entreprises.
Nul doute que ce rapport est aussi bien porteur d'espoir pour tous ceux qui croient dans les mesures qu'il préconise, que d'ennuis pour une large partie du gouvernement qui devra les mettre en oeuvre, ou bien au contraire les écarter voire les enterrer, après avoir commandé le rapport...