Dans une récente interview ( Le Monde daté du 22 Juillet ), le président de la Banque Centrale Européenne affiche une grande sérénité et déclare que « l’Euro est irréversible « et que les autorités agiront "sans tabous ".
Fort logiquement avec ce qui précède, il pense que la Grèce peut éviter le risque d’une sortie de l’Euro et fait l’annonce d’un point important : concernant le sauvetage des banques espagnoles, le Président Draghi considère que les contribuables ont déjà « fait beaucoup « et que c’est aux créanciers seniors impliqués de contribuer à la résolution de tels problèmes. Ceci nous paraît un point capital en matière de - risque de dégradation des créances - au moins sur le plan comptable, donc bilanciel – détenues par des prêteurs de premier rang et d’importance.
C’est un tournant juridique implicite qui ouvre la porte à des renégociations de dettes voire à de véritables abandons de créances. Autrement dit, pour sauver une banque espagnole, ce raisonnement peut conduire à altérer le bilan de plusieurs autres banques étrangères y compris non-européennes. Séduisante d’un côté, menaçante de l’autre, cette approche ne saurait susciter la confiance des fonds disponibles pour des investissements en zone euro.
Une telle proclamation peut contribuer à résoudre un dossier ibérique immédiat mais générer une crise de confiance dans la structure des passifs des banques italiennes.
Un tel coup ne sera pas un coup dans l’eau : il sera un coup de bluff ou un coup de Jarnac contre-productif, in fine. Le président de la BCE est par ailleurs convaincu que la baisse des taux intervenue en Juillet va permettre de lutter contre les "risques de restriction de crédit" et faciliter la situation des banques. Notre vision, irriguée par la situation partiellement connue des banques, nous rend plus circonspect voire pris de sérieux doutes. La Pme, le jeune ménage qui cherche une maison, etc sont déjà victimes du resserrement des conditions d’octroi de crédit ( credit-crunch ).
Focalisé sur l’idée d’une régulation bancaire européenne ( alors que le Gafi existe depuis 1989 et n’a pas été très performant en lutte contre le blanchiment…), le Président Draghi – au détour de cette interview – se confie : il ne croit pas exagérément à la réforme du marché du travail du fait des monopoles et des rentes de situation. Piste intéressante loin de la confiance auto-proclamée et non démontrée de cet entretien.