On a beau avoir des centrales nucléaires, garantes de notre "indépendance énergétique", il faudra encore aller faire la manche cet hiver chez nos voisins pour leur quemander quelques mégawatts aux heures de pointe.
Plus précisément, 5400 mégawatts en moyenne, avec des pics qui pourraient atteindre les 10 000 mégawatts. Or, quand on sait qu'une tranche de centrale nucléaire produit entre 1000 et 1500 mégawatts, on voit bien qu'il y a un trou dans notre dispositif équivalent, en heure de pointe, à 4 à 7 réacteurs. Sauf qu'il n'y aurait pas de sens à construire des réacteurs nucléaires pour produire de l'énergie quelques jours par an, sachant en plus qu'une centrale nucléaire mets plusieurs heures à monter en puissance, avant de pouvoir être couplée au réseau. Ce n'est pas de centrales dont la France manque, mais de barrages hydroélectriques, qui ont besoin de quelques minutes pour se mettre à produire de l'énergie, ou encore de centrales électriques classiques au gaz par exemple. Pour les barrages, lacs et rivières étant exploités au maximum, ce sont les usines marémotrices comme celle de la Rance qui pourraient incarner l'avenir.
RTE, Réseau de Transport d'Electricité, filiale d'EDF, n'est pourtant pas inquiète pour cet hiver. Elle considère que les risques de coupures sont limités. Deux régions cependant, la Bretagne, et la Provence-Alpes-Côte d'Azur sont en situation plus délicate, éloignées des moyens de production d'énergie et dotées d'un réseau de transport haute tension sous dimensionné pour les jours de grands froid.
Le vrai problème en fait de la France avec l'électricité n'est évidemment pas la production mais la consommation. 31 % des ménages français se chauffent à l'électricité, qui est aussi l'énergie la plus chère pour se chauffer loin devant le fioul, le gaz ou le bois. Seul l'équipement est bon marché, un radiateur pour chauffer une pièce revenant à quelques dizaines d'euros à l'installation. Dans le même temps, d'autres pays ont décidé de bannir le chauffage éléctrique. En Suisse, il sera interdit d'ici 10 ans.
En attendant, pour cet hiver, RTE fait appel au sens du civisme de ses clients, les incitant à réduire leur consommation aux heures de pointe : utilisation du départ différé des appareils éléctroménagers (lave-linge, séche-linge, lave-vaisselle). Extinction d'un ou deux radiateurs électriques le soir entre 18h et 20h, au moment ou la France "tire" sur les prises électriques. Et pour ceux qui seraient tenter de repasser leurs chemises le soir en rentrant, il vaut mieux attendre pour le faire plus tard dans la soirée ou le lendemain matin !