Le FMI doit-il arrêter d’aider l’Europe ?

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Par JOL Press Modifié le 26 juillet 2012 à 13h56

Dans une lettre de démission très médiatisée, Peter Doyle, employé pendant 20 ans du Fonds monétaire international (FMI), accuse l’institution de « parti pris européen ». Qu'en est-il exactement ? Les pays émergents sont-ils mis de côté ? Pour y voir plus clair, JOL Press a interrogé Dominique Carreau, professeur émérite de droit international économique.

Les reproches de Peter Doyle sont-ils fondés ?

Il est vrai que le FMI a une emprise européenne forte, mais cela ne date pas d’hier. Depuis les accords de Bretton Woods (1944), il a été convenu, de manière tout à fait implicite, que la Banque mondiale serait l’apanage des Américains et que le FMI serait en quelque sorte la « chasse gardée » des Européens. Cependant au fil des ans, des récriminations se sont fait entendre. Quand Dominique Strauss-Kahn est arrivé au pouvoir, nombreux ont été ceux qui souhaitaient qu’il soit le dernier Européen à la tête de l’institution. Mais son départ brutal a propulsé Christine Lagarde à sa place sans que sa nomination ni sa légitimité ne soient contestées. Très consciente de ces récriminations, ce n’est pas un hasard si elle a décidé de nommer le Chinois Zhu Min, ancien vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, pour occuper le poste de directeur général adjoint du FMI.

Quelle est la position des pays émergents ?

Si la grande crise qui secoue actuellement les marchés est la crise de l’euro, ce n’est pas le fait de l’ancienne ministre des Finances. Et c’est par conséquent tout naturel que le FMI soutienne les pays membres de l’Union. Je pense que les pays émergents qui exprimaient leurs désaccords hier, se taisent aujourd’hui, car ils savent que si la zone euro tombe, les conséquences pourraient être désastreuses. A l’origine, le FMI aidait principalement les pays en voie de développement. Mais une crise en Russie n’a pas le même impact qu’une crise qui ébranle la zone euro. Les sommes qui sont alors en jeu peuvent atteindre des milliers de milliards.

Christine Lagarde n’a donc pas mis en place une politique de « parti pris européen » ?

La directrice du Fonds Monétaire International gère très bien sa fonction. Elle ne sert pas les intérêts de l’Europe en particulier et quand bien même elle le désirerait, elle ne le pourrait pas. Au FMI, tout est une question de consensus, toute décision est collective. Peter Doyle lui a fait un faux procès. La crise se situe aujourd’hui en Europe. Qu’elle soit Européenne ou non, ne change rien dans les faits.

Selon vous, le FMI ne lâchera donc jamais l'Europe ?

Il est inenvisageable que le FMI lâche un jour l’Union européenne. Personne n’a intérêt à ne pas soutenir la zone euro. Les Américains eux-mêmes ne le souhaitent pas. Certes, ils ne veulent pas d’une Europe très puissante, mais si celle-ci venait à s’écrouler, ce n’est pas que le secteur privé qui serait touché, c’est directement le contribuable. Et personne ne le souhaite. Ce qui est discuté, ce sont les mesures que les Européens doivent prendre et la manière de les appliquer. Le FMI encouragera à toujours plus de baisse de dépenses. C’est certes très impopulaire, mais avons-nous vraiment le choix ?

Propos recueillis par Marine Tertrais

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