Les constructeurs automobiles se vendent des voitures à eux-mêmes pour masquer la débâcle

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Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 14 novembre 2012 à 6h38

"A vendre voiture collaborateur, faible kilométrage". "Occasion zéro kilométre". "Véhicule de démonstration". Le truc est éculé, l'affaire est souvent bonne pour le client, mais beaucoup moins pour les constructeurs et les concessionnaires. Afin de limiter la casse, les constructeurs immatriculent eux-mêmes les voitures qu'ils viennent de fabriquer, ou encore les font immatriculer par les concessionnaires. A leur nom donc, transformant une voiture neuve en voiture "première main", puisqu'ayant déjà eu un propriétaire.

Pour quoi faire ? Tout simplement pour faire semblant d'avoir vendu des voitures neuves, alors même qu'elles restent sur leurs parkings, avec une plaque minéralogique en plus. En octobre dernier, ce sont ainsi près de 25 000 voitures qui ont artificiellement trouvé un propriétaire. 25 000 sur un marché de 167 000 automobiles "vendues" soit près d'une voiture sur six, d'après les chiffres publiés hier par l'AAA (Association Auxiliaire de l'Automobile), qui travaille sous le contrôle du CCFA (comité des constructeurs français d'automobile), opérant sous le contrôle du ministère des Transports.

Certaines marques ont transformé cette pratique en tradition, voire en méthode de vente. Fiat accorde ainsi des remises pouvant atteindre jusqu'à 40 % sur le prix de vente "officiel" de certains de ses modèles (mais pas la Fiat 500, bien sûr), grâce notamment à cette technique. Sur l'année 2012, 25 % des Fiat vendues l'ont été par ce biais. Mais toutes les marques se servent de ce truc pour faire monter artificiellement leurs chiffres de ventes, et faciliter l'octroi de "promotions commerciales" à leurs clients.

Ainsi, Mercedes immatricule directement ou par le biais de ses concessionnaires près d'une voiture sur sept. En particulier des utilitaires. Reste le cas de Renault. Si sur l'année, Renault n'a immatriculé directement ou indirectement qu'une voiture sur 10, sur le seul mois d'octobre, ce sont près d'une voiture sur 6 qui ont fini dans les stocks d'un concessionnaire ou sur le parking d'une usine avec une plaque.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).