Certains choisiront de voir la France comme un pays de vieux, laissé exsangue par la facture des retraites, mais d’autres – dont je suis - y verront au contraire l’occasion de saisir de nouvelles opportunités, et de penser autrement la création des richesses.
Alors que les seniors constituent l'une des tranches d’âge les plus déconsidérées de notre pays, il est temps de changer notre regard sur ceux qui représentent d'ores et déjà un formidable potentiel - inexploité - pour participer au dynamisme de notre économie.
Premier exemple de ce potentiel : la participation sociale de nos seniors et le bénéfice qu’en tirent toutes les générations. Face à des besoins sociaux en croissance, le nombre important des seniors engagés dans un projet bénévole est une garantie pour le maintien du lien entre les générations.
C’est aussi un renfort non négligeable pour les structures publiques, dont les bénévoles assument ainsi une partie de la mission sociale. L’implication de cette génération dans le tissu associatif fait bien partie des opportunités liées au vieillissement de notre population, et c’est ce que nous avons souhaité promouvoir à travers le Prix HSBC Talents 7.0.
Ce phénomène a par ailleurs des implications économiques importantes. Les études mondiales que mène HSBC sur la retraite, "Future of Retirement – L’Avenir des Retraites", ont ainsi montré que si les 908 millions d’heures de bénévolat effectuées par les seniors en France étaient monétarisées, cela représenterait 7,5 milliards d’euros par an (d’autres études l’évaluent même de 1 % à près de 2 % du PIB).
Avec l’allongement de notre espérance de vie en bonne santé, on assiste à l’émergence de toute une population de "jeunes seniors", qui sont désireux de continuer à jouer un rôle social, mais aussi économique. La France de 2050 devra certainement adapter le temps de vie professionnelle à la nouvelle donne démographique, et cesser ainsi d’exclure prématurément les seniors du marché du travail.
La multiplication des structures qui organisent le retour à l’emploi de jeunes retraités, dans des missions de conseil par exemple, ou le nombre des auto-entrepreneurs âgés de 50 ans et plus -1 sur 3-, sont un signe évident du potentiel que peut incarner cette génération pour l’économie ou pour l’innovation ! Aux Etats-Unis, le cabinet Yourencore emploie ainsi des consultants quinquas ou sexagénaires pour des missions liées à l’innovation, prouvant ainsi que cette dernière n’est pas l’apanage des jeunes !
Les seniors sont aussi une "génération pivot" qui, parce qu’ils disposent d’un revenu et d’un patrimoine souvent supérieur, apportent un soutien financier considérable à leurs familles. L’INSEE a ainsi estimé que 12 % des revenus des 60-75 ans sont consacrés à une aide financière destinée à leurs enfants ou leurs parents. Ce soutien encourage l’accession à la propriété ou la création d’entreprises pour les plus jeunes, mais vient aussi soulager la prise en charge financière d’un parent âgé dépendant.
Détenteurs d’une part importante du patrimoine financier français, les seniors contribuent aussi de façon significative au dynamisme économique par le biais de leur épargne, et de leur consommation. Des secteurs comme le tourisme, l’immobilier ou les nouvelles technologies ont bien saisi les enjeux et le potentiel de développement portés par cette génération.
Les seniors devraient être reconnus pour leur apport non négligeable dans le dynamisme socio-économique français. Nous avons tout à gagner à mieux intégrer nos aînés et à reconnaître leur contribution. Faire des seniors une partie intégrante de notre avenir est la première étape de cette reconnaissance.