Mobilité : le transport public, la voiture du futur

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Par Michel Bleitrach, Roland Ries et Bernard Modifié le 19 septembre 2012 à 10h24

A l'occasion de la journée nationale des transports publics et à l’heure où le monde entier mesure les limites d’un modèle de développement largement fondé sur le tout pétrole, les acteurs du système de transport doivent s’interroger sur leur contribution d’une transition énergétique pour un véritable développement durable. Ladite transition s’amorce difficilement.

Les projets fleurissent mais, à ce jour, aucune énergie alternative utilisée ne peut remplacer complètement le pétrole. Que ce soit en France, en Occident ou dans les pays en développement, la voiture continue d’envahir la planète. Actuellement, nous comptons un milliard de voitures , soit 1 voiture pour 7 habitants et l’expansion rapide du marché automobile dans des pays comme la Chine (1000 nouvelles voitures sont enregistrées quotidiennement à Pékin) laisse présager un grand avenir pour ce mode de transport.

Les défis sont multiples à l’aune des effets, souvent néfastes, du "tout voiture" : urbanisation croissante associée à l’étalement urbain, congestion des villes, nuisances et pollution diverses, émission de gaz à effet de serre, pression à la hausse du prix du pétrole brut…

Les villes cristallisent les problèmes. Elles concentrent 80 % des émissions de CO2 et consomment 75 % de l’énergie mondiale. Aujourd’hui, la moitié de la population vit en ville et elle atteindra, selon l’ONU, la proportion de 70 % en 2050. La France ne dérogera pas à cette tendance puisqu’elle gagne chaque année 350 000 habitants qui viennent grossir, notamment, ses villes et leurs périphéries. Faut-il pour autant, plus ou moins autoritairement, réduire la mobilité des personnes et des biens ? Nous ne le pensons pas.

Nos sociétés induisent toujours plus de déplacements. Notre croissance reposant, pour partie, sur cette mobilité. Restreindre les déplacements des personnes serait, à la fois, une atteinte très dure à la liberté individuelle qui rime très souvent avec la mobilité et une injustice pénalisant, le plus souvent, les plus modestes. Nous devons donc créer les conditions d’une mobilité durable.

Concrètement, cela signifie d’abord de repenser la ville en la maillant autour des grands réseaux de transports. Ceci suppose aussi la réalisation de transports collectifs de qualité, pensés pour favoriser le report de l’usage individuel de la voiture vers une palette très diversifiée de transports publics : trains, cars, tram-trains, tramways, métro, bus associés à la marche, au vélo, au covoiturage… sans oublier des modes, encore peu développés en France, comme le téléphérique urbain.

Dans ce contexte et en tant qu’acteurs de la mobilité durable, notre responsabilité est de fournir une offre de qualité, simple, lisible et qui ne soit pas gratuite, car le transport a un coût dont le voyageur n’assume que 20 à 30 % de la valeur. Le reste étant pris en charge par la collectivité et le versement transport. Nous devons aussi faire preuve d’un grand pragmatisme en partant de l’idée que les "petits ruisseaux font les grandes rivières" et que tout mode évitant l’usage individuel d’un véhicule carboné est un progrès dans la bonne direction.

Ceci vaut pour le vélo en libre-service, le taxi collectif, l’auto-partage, le bus à haut niveau de service… Autant de domaines encore trop peu explorés dans notre pays mais qui ont fait leur preuve ailleurs : le vélo à Copenhague, le péage urbain à Londres responsable d’une baisse de 33 % du trafic automobile concomitante à une hausse de 35 % du nombre de voyageurs en bus, mais aussi les voies réservées aux véhicules à occupations multiples en Amérique du Nord, à Madrid, Leeds, Amsterdam…

Pour atteindre ces objectifs, l’une de nos principales ambitions à nous, élus en charge des transports et exploitants, est d’expliquer puis de convaincre les jeunes d’aujourd’hui pour en faire les utilisateurs pérennes de transports publics de demain. Un jeune qui a adopté la voiture est pour ainsi dire perdu pour le transport public. Pourtant, depuis quelques années déjà et comme bon nombre de nos voisins européens, les Français ont tendance à délaisser un peu plus leur voiture au profit des transports en commun, ceci pour des raisons budgétaires et écologiques.

Quant aux jeunes urbains, le fait de disposer d’une voiture n’est plus primordial que pour un tiers d’entre eux. Ils sont même jusqu’à 83 % à considérer que les transports publics répondent le mieux à leurs attentes, devançant la voiture . Oui, le transport public, c’est donc la voiture du futur. Un secteur en pleine expansion et qui innove chaque jour de l’année : systèmes d’information en temps réel performants intégrant le téléphone portable, accessibilité, gares et hubs regroupant de nombreux services (informations multimodales, distributeurs de titres, vélos en libre-service, café, WiFi…), confort (espace, ambiance visuelle et sonore) pour répondre à une demande sociétale croissante.

Déjà fortement mobilisés, les acteurs du système de transports publics sont disponibles pour accroître leurs efforts. Pour mettre en œuvre les engagements, issus du Grenelle de l’environnement et partagés par tous - fiscalité écologique finançant l’extension du transport public et 3ème appel à projets promis par les ministres successifs - ils attendent bien sûr un soutien clair et accru des pouvoirs publics, au premier rang desquels l’État.

C’est l’une des conditions essentielles pour l’entrée de la France dans cette transition énergétique que chacun appelle de ses vœux, sans qu’elle soit pour autant privatrice de liberté.

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Michel Bleitrach est président du directoire du groupe Keolis et président de l’UTP (Union des transports publics et ferroviaires).Roland Ries est sénateur du Bas-Rhin, maire de Strasbourg et président du GART (Groupement des autorités responsables de transport).Bernard Soulage est président du GIE Objectif transport public et vice-président en charge de l’Europe et des Relations Internationales à la Région Rhône-Alpes depuis mars 2010.

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