Crise économique : la France bientôt au niveau de l’Espagne ?

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Par Charles Sannat Publié le 19 septembre 2012 à 11h19

Il y a désormais deux fronts à observer avec attention : les sujets économiques, qui bien sûr nous préoccupent au premier chef, mais également, et c’est assez nouveaux pour être remarqué, la montée des tensions politiques partout à travers le monde.

Du monde arabe qui s’est embrasé après la diffusion du film "L’innocence de l’Islam" au déploiement de forces occidentales sans précédent dans le golfe persique, jusqu’à la crise ouverte qui agite les relations sino-japonaises. Dans tout cela, il est difficile de démêler le vrai du faux, tellement les enjeux géostratégiques, politiques et historiques sont complexes.

En Espagne : les créances douteuses battent un nouveau record. Quelle surprise. Figurez-vous que la situation des banques espagnoles est plus compliquée que prévu. On ne nous aurait donc pas dit toute la vérité. On apprend donc que le taux de créances douteuses des banques espagnoles a atteint en juillet 2012 son plus haut niveau depuis 50 ans avec environ 1 crédit immobilier sur 10 considéré comme risqué.

En d’autres termes, 1/10e des prêts consentis ne sera pas remboursé. Lorsque l’on affirme que la détérioration du secteur financier espagnol est bien plus profonde que l’on croit, nous ne nous trompons pas. Côté chiffres, ces 9,86 % de créances douteuses représentent 169 milliards d’euros !!! Bien loin déjà des 100 milliards d’euros que le plan européen de soutien d’aide à l’Espagne prévoyait. Et encore, ce n’est pas le vrai chiffre des créances douteuses qui, de toute façon, est condamné à augmenter fortement, alors que l’économie espagnole s’enfonce dans la récession en raison d’une politique d’austérité drastique.

Le chômage explose et les incidents de remboursement sur les crédits immobiliers suivent la même pente. L’attention se focalise sur l’Espagne pour que ce pays demande un sauvetage financier plus large, alors que Madrid affirme n’avoir pas encore pris de décision. En effet, le Premier ministre Mariano Rajoy souhaite négocier les conditions qui lui seront imposées en échange. Mais il ne faut pas se leurrer, il s’agit ici d’amuser la galerie avec de faux problèmes.

Le véritable enjeu est financier. 25 % de créances douteuses, qui semblent plus correspondre à la réalité des 3 millions de logements vides en Espagne, représenterait 450 milliards d’euros contre un plan de soutien initial de 100 milliards, qui est clairement sous-dimensionné. La crise européenne n’est pas finie. Loin de là. Les psychodrames à venir seront nombreux.

En France, on s’engage sur le chemin grec, espagnol ou portugais. Pour Laurence Parisot, "nous regardons ce qui est envisagé avec effroi", ajoutant : "Nous estimons qu’en agissant ainsi, le gouvernement prend le risque de créer un choc de non-compétitivité. Nous craignons que les agents économiques que sont à la fois les ménages et les entreprises adoptent des comportements dès la présentation du budget, des comportements qui ne seront pas favorables à la consommation et à l’investissement et donc à la stimulation de la croissance."

Si la présidente du Medef est dans son rôle de représentante des patrons, il est indéniable que les 20 milliards d’euros d’impôts supplémentaires votés par le gouvernement ne vont pas arranger le climat des affaires. L’effet récessif de telles mesures a été confirmé par chaque pays européen qui s’est lancé dans l’aventure de la rigueur. L’Italie est en récession, la Grèce s’est effondrée, l’Espagne et le Portugal au bord de l’implosion. Il n’y a aucune raison pour qu’une telle politique menée en France entraîne une augmentation de la croissance bien sûr !

La récession, déjà en cours, va mener à une baisse importante des recettes fiscales et à une augmentation des dépenses sociales (indemnisation du chômage, RSA, etc.). Le résultat sera un déficit plus important nécessitant un nouveau tour de vis fiscal. C’est un véritable cercle vicieux dans lequel nous rentrons également. Au bout du chemin, il y aura de toute façon l’insolvabilité des Etats, soit en raison de plans de relance qui ne fonctionnent pas, soit à cause de plans de rigueur qui vont nous asphyxier.

1929 ne peut pas se reproduire ! Evidemment, on est tellement intelligent, tellement fort, la science économique tellement développée que nous étions armés, et pas qu’un peu, pour lutter contre une récession et une crise économique comme celle de 1929. C’est le fameux et fumeux principe du "cette fois-ci, c’est différent"…

Nous ne sommes pas plus armés aujourd’hui qu’hier pour faire face à la crise économique. Pour une raison très simple mais qui conditionne l’ensemble des choses, des évènements et des politiques. Pour sortir d’une crise, il faut changer de modèle. Dans une société établie, les groupes de pression et d’influence font tout pour bloquer tout changement qui leur serait défavorable, entraînant par la même la paralysie de l’ensemble… qui finit par s’effondrer.

C’est sur les ruines que l’on reconstruit. C’est hélas bien souvent ce qui explique l’inéluctabilité des guerres… En espérant que cette fois-ci, ce sera différent !!

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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