L’Etat ne manque jamais un bel effet d’annonce sur ses prévisions de dépense en fin d’année. C’est ainsi que le 7 septembre, le ministère du Budget a clamé avec joie que le déficit de l’Etat avait diminué d’un milliard d’euros au 31 juillet, "en cohérence avec la réduction annoncée".
Les esprits curieux se délecteront de cette nouvelle en consultant l’état de la trésorerie publié par l’Agence France Trésor.
Premier rappel : en 2011, la loi de finances initiale avait prévu 363 milliards de dépenses, et l’Etat en a finalement dépensé 365 milliards, soit un dérapage de 2 milliards, équivalent à 0,7 % du budget global.
Pour 2012, la loi de finances initiale avait prévu 368,5 milliards de dépenses, et le collectif budgétaire de cet été a porté ce chiffre à 372,5 milliards. Comparé à l’objectif initial de 2011, et si tout va bien, les dépenses de l’Etat auront donc augmenté de 2,5 % entre 2011 et 2012. Avec des recettes fixées à 291 milliards, le déficit en fin d’année devrait être de 81 milliards, soit 9 milliards de moins qu’en 2011. Ces projections paraissent étrangement optimistes.
Côté dépenses, il n’aura échappé à personne que, au 31 juillet, un glissement significatif s’est produit : à la même date, l’an dernier, l’Etat avait dépensé un peu moins de 220 milliards. Cette année, 226 milliards sont déjà sortis des caisses, soit une augmentation de 6 milliards d’euros. Comme l’Etat a prévu de dépenser, en 2012, 9 milliards de plus qu’en loi de finances initiale 2011, cela signifie que, en 7 mois, les 2/3 de la galette ont été mangés.
L’essentiel de ce dérapage provient des dépenses de fonctionnement, qui ont fait un bond de 7 %, et des prélèvements au profit de l’Union Européenne, qui ont augmenté de près de 12 %. Côté recettes, la situation n’est pas meilleure : l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés et les taxes sur les produits énergétiques subissent une forte contraction.
Il est prévu que l’Etat encaisse en 2012 16 milliards de plus qu’en 2011 (près de 6 % de hausse), et à ce stade il n’a augmenté ses recettes que de 2 milliards (soit 1 % de hausse par rapport à la même date l'an dernier). Entre dérive de la dépense et effondrement des recettes, le budget de l’Etat pourrait bien vivre un moment difficile en fin d’année. Et le nouveau gouvernement risque bien d’essuyer un premier budget éloigné de la trajectoire qu’il a annoncée cet été.