La récente crise financière (dont celle des subprimes) a marqué un tournant dans la compréhension des mécanismes macroéconomiques.
Cette crise, non seulement pose les fondements d’une nouvelle macroéconomie (la crise financière ayant sensiblement amendé toutes les prévisions de croissance économique dans les pays de l’Union européenne et aux États-Unis), mais elle pose également plus fondamentalement la question de la contribution des banques et de la finance à la croissance économique.
Si l’on admet aujourd’hui que les banques et les marchés financiers ont un rôle dans l’économie, et que le système financier au sens large (banques et marchés financiers) contribue à stimuler l’économie, alors il n’est plus possible d’envisager des équilibres macroéconomiques sans intégrer les paramètres financiers (par exemple l’intermédiation financière ou la capitalisation).
Pourtant, bizarrement, on a du mal à identifier des études économétriques qui permettent de dire qu’effectivement les marchés financiers et les banques sont importants pour la croissance au-delà de l’évidence. Tout d’abord, les théories classiques de la croissance (Solow première version) sont souvent comprises comme des théories ne prenant pas en compte l’impact des politiques financières sur la croissance économique.
Pourtant, force est de constater le nombre important d’études empiriques relatant un phénomène cyclique, le PIB (produit intérieur brut), évoluant en réponse à différents comportements financiers sans que les termes "banque" ou "marchés financiers" ne soient explicitement utilisés. Certes, le terme crise financière apparaît récemment pour expliquer comment la croissance peut être influencée par d’autres détermi- nants que les plus connus en macroéconomie : l’innovation, le progrès technique, la productivité globale des facteurs (la part de la croissance du résidu de Solow non expliquée par la productivité du travail et du capital).
Les chercheurs trouvent alors une suite logique d’enchaînement de variables explicatives de la croissance. Ils prennent alors le cycle du PIB et montrent qu’à partir d’un niveau de PIB donné une crise financière serait susceptible de diminuer le PIB final.
Introduction du dernier ouvrage de Pascal de Lima, "Economie bancaire et croissance économique" publié le 5 septembre 2012. Editions Dunod. 218 pages.