Dans son contrat de mandature 2008-2014, Bertrand Delanoë avait placé comme première priorité le logement. Force est de constater qu’il n’a pas convaincu les parisiens qui sont aujourd’hui 80 % à estimer que sa politique du logement a totalement échoué.
Visant avant tout, à changer la sociologie de notre capitale, la politique menée depuis 2001 ne pouvait que conduire à l’échec. Car enfin, comment comprendre autrement la différence entre les intentions affichées, plus de 6500 logements sociaux financés pour 2011, avec les résultats obtenus ?
Plus la Ville finance, plus le nombre de demandeurs de logement augmente : plus 20 % depuis 10 ans pour atteindre 127 000 personnes, record absolu ! Plus la Ville finance, moins la Ville attribue de logements : 13 500 en 2001, 12 000 en 2010 et en 2011.
Une politique du logement à Paris ne peut avoir pour unique objectif d’atteindre à n’importe quel prix les 20 % de logements sociaux six ans avant l’échéance prévue. Oui, à n’importe quel prix, car cette politique coûte cher. Non seulement aux contribuables parisiens mais aussi à l’Etat qui n’a jamais autant contribué à la politique du logement parisien.
La dotation de l’Etat atteint aujourd’hui 144 millions d’euros, soit deux fois plus que sous le Gouvernement Jospin. L’argent public consacré à Paris ne l’est pas ailleurs. On serait donc en droit d’attendre une efficacité exemplaire de ces dépenses.
Est-il bien raisonnable, en effet, de transformer des logements existants en logements sociaux, pour un coût de plus de 9 000 euros du mètre carré dans des opérations comme celle du faubourg Poissonnière ou celle de la rue de la Banque, alors que le prix du marché est de 7 000 euros.
Est-il bien raisonnable de nous annoncer la transformation de 2 250 logements insalubres par an de 2008 à 2014, alors que tout devait être résolu en 2008 ? Est-il bien raisonnable d’annoncer le financement de 700 logements étudiants par an, alors que seuls 250 ont été financés de 2001 à 2008 ?
Est-il bien raisonnable d’afficher des chiffres farfelus en matière de remise sur le marché de logements vacants, alors que les objectifs fixés par le plan de cohésion sociale n’ont été remplis qu’à 17 % ? Est-il bien raisonnable, enfin, d’avoir tant tardé à établir les plans de développement des 11 opérations de rénovation urbaine parisienne ?
Trois seulement démarrent enfin, après 10 ans de palabres, alors que plus de 90 opérations sont déjà lancées en Ile-de-France. Oui, cette politique du logement est une politique Canada Dry : elle a l’apparence de l’insertion mais se révèle être en réalité une formidable machine à exclure les classes moyennes. Notre responsabilité est désormais de proposer une nouvelle politique du logement à Paris.