C’était probablement le budget de la dernière chance pour la France et c’est raté. Comme les trente-sept précédents, ce budget sera un fiasco et se soldera par une aggravation du déficit.
Tous les États providence qui ont réussi à redresser la barre ont procédé selon le dosage un tiers deux tiers. Un tiers de recettes fiscales provenant de l’impôt contre deux tiers de réductions des dépenses de l’État. Victimes de ce que Sophie Pedder a dénommé "le déni français", nous appliquons la règle à l’envers : deux tiers d’impôts et un tiers de réduction des dépenses.
Examinons d’abord ce poste de réduction des dépenses car ce sera vite fait. Ce que nos hommes politiques appellent économies sont principalement des dépenses différées. Pour n’importe quelle famille, dépenser moins c’est se priver dès aujourd’hui. Dire "les enfants, le voyage que nous avions programmé, nous allons le repousser à l’été prochain", n’est pas une économie. Quant à la baisse des effectifs des fonctionnaires, nul besoin de sortir de l’ENA pour comprendre qu’un fonctionnaire retraité ou en activité, c’est le même prix.
Ne pas remplacer un fonctionnaire ne procure aucune diminution de dépense à court terme. Passons maintenant aux nouveaux impôts levés. L’impôt n’est plus considéré comme une contribution des citoyens au fonctionnement de l’État avec une clé de répartition dont on discuterait sagement. C’est devenu un instrument de justice.
Faire payer les riches – qui accumulent de l’argent en profitant des pauvres – procède de la justice sociale. Souvenez-vous du lyrique François Mitterand au congrès d’Epinay "l’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui écrase, l’argent qui tue, l’argent qui ruine, et l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes". Dire qu’il y a des gens qui achètent un billet de Loto, incroyable !
Ces 10 milliards d’impôts nouveaux sont non seulement inutiles, mais nuisibles. Inutiles car ce budget dérapera pour deux raisons : la croissance de 0,8 % est surestimée et les taux auxquels l’État français empruntent à moyen et long terme vont monter lorsque la situation se dégradera. Nuisibles car c’est autant de pris au secteur privé, le seul capable de créer de la richesse (l’État ne crée pas de richesses puisqu’il lève des impôts pour subsister).
Aujourd’hui, les dépenses publiques représentent 56,3 % du PIB national. Autrement dit, le secteur privé, seul producteur de richesses, n’a plus la majorité. Voilà pourquoi notre pays reste, hélas, en route vers la faillite et le défaut de paiement.