La situation économique complexe et plus que tendue a conduit Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, à revoir les prévisions officielles de croissance et d’inflation pour la France en 2022. S’il maintient que la récession ne sera pas au rendez-vous dans l’Hexagone, ni en 2022 ni en 2023, il s’aligne sur les craintes de la Banque de France au niveau du « ralentissement net » de la croissance.
Croissance : en 2023, elle va tomber à 1% selon le gouvernement
La croissance française sera décevante en 2022, c’est désormais une certitude. Après un premier trimestre dans le rouge, le rebond estival (de 0,5%), selon l’Insee, ne va pas durer. L’institut de statistiques a revu à la baisse sa prévision pour le troisième trimestre à 0,2% et craint une croissance nulle sur les trois derniers mois de l’année.
Conséquence directe : la croissance française en 2022 va être bien inférieure à celle attendue lors des prévisions d’avant-crise ukrainienne. Annoncée en 2021 à 3,2% minimum, le PIB hexagonal ne connaîtra qu’une hausse de 2,5% selon Bruno Le Maire.
Les effets de la crise de l’énergie, la crise en Ukraine ainsi que l’inflation élevée se feront surtout sentir en 2023. Mais au moment où l’Allemagne et les États-Unis se préparent à une récession, le gouvernement français se veut optimiste. Le projet de loi de finances pour 2023 table sur 1% de croissance annuelle, contre 1,4% prévus en juillet 2022. Le « ralentissement net » annoncé par la Banque de France en septembre 2022 se confirme donc… mais la France devrait éviter la récession.
L’inflation sera plus importante que prévu
Parmi les paramètres qui ont obligé le gouvernement, mardi 13 septembre 2022, à revoir ses prévisions, l’inflation joue un rôle clé. Elle sera même plus élevée qu’anticipé, que ce soit en 2022 ou 2023. Pour 2022, l’exécutif s’attend désormais à une inflation annuelle de 5,3%, 0,3 point de plus que les dernières prévisions.
Mais la hausse des prix reste contenue grâce au bouclier tarifaire en place sur le gaz et l’électricité, ainsi que grâce à la ristourne à la pompe sur les carburants. Des mesures qui prendront fin le 31 décembre 2022 : les Français doivent s’attendre à une hausse des prix de l’énergie.
Résultat : l’inflation va être plus élevée que prévu en 2023 également, et pas que d’un peu. Attendue à 3,2% sur l’année, elle est revue à la hausse de 1,1 point pour atteindre désormais 4,3% sur un an dans les prévisions officielles.
Salaires : vers de nouvelles hausses du SMIC en 2023 ?
Un tel niveau d’inflation pourrait facilement conduire à de nouvelles revalorisations exceptionnelles du SMIC, le calcul prévoyait une indexation du salaire minimum sur la hausse des prix dès lors que celle-ci dépasse 2% par rapport au mois de référence. Or, le prochain mois de référence sera novembre 2022, et ce dès le 1er janvier 2023.
Car malgré les deux revalorisations exceptionnelles de 2023 sur fond de hausse des prix, le SMIC va bien connaître une nouvelle hausse le 1er janvier 2023 dans le cadre de la revalorisation annuelle obligatoire. Or, ce même mois, l’évolution du bouclier tarifaire va entraîner, c’est attendu, une augmentation du prix du gaz, puis de l’électricité le mois suivant, sans compter la fin de la ristourne sur les carburants. De quoi faire bondir l’inflation rapportée à novembre 2022 dès mars-avril 2023...