Nous, entrepreneurs…

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Par Alain Assouline, Michel Baujard, Stépha Modifié le 4 octobre 2012 à 3h46

Nous, entrepreneurs, ne nous reconnaissons pas dans cette idée selon laquelle la taxation des plus-values de cession du capital au même niveau que le travail pourrait abimer la passion d’entreprendre, car rien n’est plus éloigné que l’idée de cession lorsque l’on crée une entreprise et que l’on a la vocation de la développer sur le long terme.

Le patron de PME de croissance n’est pas cette caricature d’homo-economicus mu par le désir de minimiser ses impôts ou de faire une plus-value spéculative en quelques années mais un aventurier qui assume le risque de ses choix et dont la revente ou la "sortie" n’est pas l’objectif quand il crée. Chaque signataire de cette tribune a créé une ou plusieurs entreprises.

Les motivations sont nombreuses : la passion de l’innovation, le désir d’indépendance, l’envie de réussir, l’idée que l’on puisse apporter sa contribution à l'évolution de notre société. Ou tout simplement l’aventure humaine avec nos équipes et nos associés.

La création d’entreprise offre d’abord un espace de liberté pour innover. Elle permet de développer puis de commercialiser rapidement un produit qui aurait été bloqué par la bureaucratie du marketing des grandes entreprises ou dont les applications commerciales auraient été incomprises au sein d’un laboratoire de recherche.

Cette liberté permet de mener sa vision et sa stratégie à son terme à condition d’en assumer le revers : la liberté d'échouer. La création d’entreprise permet de connaître le plaisir de la création d’emplois et de valeurs. Se rendre compte que la valeur qui a été créée a offert un espace de travail à nos collaborateurs, que ce travail rend heureux ou qu’il n’a pas d'équivalent ailleurs motive à poursuivre cette aventure malgré toutes les difficultés que nous rencontrons : retards de paiements, refus administratif d’embauche de talents étrangers, tentatives de débauchage par de grandes entreprises, mais aussi incompréhension des législateurs ou les lourdeurs des administrations.

La création d’entreprise permet parfois de connaître la gloire. Quand un produit est très largement adopté, qu’il est exporté sur plusieurs continents ou qu’il a contribué à une modification du marché. Les petites et grandes gloires qu’a rencontrées chaque entrepreneur permettent de donner un sens à cette aventure et de la laisser éventuellement entre d’autres mains se développer.



Nous refusons donc que l’image du chef d’entreprise soit associée à des opérations de communication caricaturales qui les desservent, nuisent au nécessaire débat démocratique sur le projet de loi de finances et entretiennent la confusion entre le rôle social du chef d’entreprise et celui de l’investisseur.

Nous – créateurs et patrons de PME - ne nous considérons pas comme une caste de citoyens supérieurs, dont les revenus devraient bénéficier d’un traitement fiscal de faveur. Nous soutenons tout ce qui va dans le sens de l'équité et de la simplification de l’impôt. Nous soutenons donc le principe de taxation égale des revenus du travail et du capital, gage de relations sociales durables au sein de nos entreprises et d’effort partagé.

Nous soutenons également une réforme de l’impôt audacieuse. Il faut encourager les grandes fortunes à investir dans les PME françaises en relevant par exemple les plafonds de la loi TEPA. Plus généralement, les créateurs d’entreprise, comme tous les citoyens, attendent la grande réforme de l’impôt qui fusionnera CSG et impôt sur le revenu, avec une progressivité équitable qui rendrait enfin lisible notre fiscalité et son souci d'équité.

Le gouvernement a fait quelques pas dans la bonne direction en donnant la priorité au PME de croissance par rapport aux grandes entreprises, que ce soit au travers du statut de jeune entreprise innovante, du renforcement du crédit d’impôt recherche ou d’une progressivité de l’impôt sur les sociétés favorable aux PME.

La création de la banque d’investissement va également dans le bon sens. Nous sommes nombreux à penser que cela reste encore insuffisant et ne doutons pas que le gouvernement et le parlement vont entamer une consultation sérieuse afin d’améliorer ce projet de loi de finance. En cette période de crise grave, il faut poursuivre et accélérer dans cette direction et favoriser tout ce qui peut favoriser l’innovation, l’entreprise et la création durable d’emplois.

Suggérons à cet égard aux entrepreneurs colombophiles de lire le projet de loi de finance et d’utiliser l’une de ses dispositions pour participer à cet effort collectif : réinvestir leurs plus-values dans des PME françaises. Ils pourront ainsi échapper à l’impôt, puisque cela semble être leur préoccupation.

Cette tribune a été initialement publiée dans Libération, et proposée par les auteurs à Economie Matin.

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Collectif d'entrepreneurs qui soutient la "taxation égale des revenus du travail et du capital".

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