Une aberration, pardon, une "exception culturelle française" va peut-être prendre fin prochainement. Christian de Perthuis, à peine nommé "président de la commission sur la fiscalité écologique", a acté le principe d'une hausse des taxes perçues sur le diesel, actuellement inférieures de plusieurs dizaines de centimes à celles perçues sur l'essence, sachant que le diesel coûte déjà plus cher à produire à la base, hors taxes.
"On le fera, la question c'est à quel rythme et comment, comment on va faire passer la pilule" a déclaré Christian de Perthuis dans une conférence de presse hier. Et quand on sait que le diesel est le carburant le plus consommé en France, et de loin, représentant 80 % de la consommation d'hydrocarbures, ont comprend que la décision ait été repoussée depuis aussi longtemps par les gouvernements successifs.
Le prix plus attractif du diesel est le résultat d'un choix politique, motivé à l'origine par un soutien aux constructeurs français, "pros" de la motorisation diesel en Europe dans les années 80/90. Depuis, les temps ont bien changé, et les dieselistes de référence sont d'abord allemands, ou encore japonais ou coréens. Surtout, le soutien au diesel ne tient plus aussi pour des raisons sanitaires. Malgré les filtres à particules, les moteurs diesel rejettent sournoisement dans l'atmosphère des poussières nocives qui viennent se loger au plus profond des poumons, et seraient responsables de dizaines de milliers de cancers : On évalue à 42 000 morts par an, le nombre de morts prématurées dans lesquelles le diesel a une part de responsabilité.
Reste que l'industrie des transports dépend terriblement du prix du diesel, sa "matière première". Il faut probablement s'attendre à ce que les professionnels, qui consomment plus de 50 % du diesel en France, obtiennent des compensations à la hausse programmée des prix du diesel. Ce sont donc les particuliers roulant au diesel, qui pensaient faire une bonne affaire en s'équipant ainsi, qui payeront seuls la hausse des taxes sur le diesel. Le gouvernement espère en retirer 3 milliards de recettes, qui viendront financer une partie des 20 milliards du fameux Crédit d'Impôt Compétitivité. Pour arriver à cette prouesse, la TICPE (taxe sur les produits pétroliers), qui rapporte aujourd'hui 25 miliards d'euros, devra donc voir son rendement augmenter de plus de 12 %... Ce qui impliquerait mécaniquement une hausse de plus de 15 % du prix du diesel. Quand et comment ? Christian de Perhuis a clairement posé le problème, "comment faire passer la pilule" à 80 % des automobilistes électeurs français...