L’événement économique de l’année est, d'après le sondage Tilder/LCI/OpinionWay : le franchissement de la barre des 3 millions de chômeurs à 62 %, les 20 milliards de hausses d’impôts dans le budget 2013 à 47 %, le plan social chez PSA à 27 % et le conflit de Florange à 24 %.
Ces résultats sont à l’image d’une crise qui est aujourd’hui vécue pleinement comme une crise sociale : le social structurel avec la courbe du chômage et le social conjoncturel avec les cas particuliers de PSA et d’ArcelorMittal. Cela veut dire que les Français, à l’heure du bilan, intègrent aujourd’hui la crise dans sa dimension la plus rude.
Le deuxième enseignement est que les Français sont dans l’identification à cette crise et qu’ils ont maintenant intégré pour eux-mêmes ses conséquences : la crise, cela n’arrive pas qu’aux autres. La crise est bel et bien entrée dans les foyers et ces résultats traduisent la grande inquiétude de l’opinion. La communication du gouvernement va donc devoir soigner à la fois les individus et le corps social dans son ensemble.
Enfin, on est dans l’émotionnel et le symbolique : un résultat assez logique car toute période de crise est un amplificateur d’émotion, celle des images et des discours.
Les autres sujets économiques de l’année : l’impôts à 75 % des « supers riches » pour 23 % des Français, la perte du triple A à 19 %, le sauvetage de l’euro à 18 %, l’action des « Pigeons » à 12 % et le pacte de compétitivité à 8 %.
Il y a comme un effet « loin des yeux, loin du cœur » : les Français relaient au second plan les sujets qui ne les concernent pas directement dans leur quotidien ou qui s’avèrent trop catégoriels. La perte du triple A ou le sauvetage de l’euro sont en cela exemplaires. Trois autres enseignements sont par ailleurs à tirer : ce qui relève de l’information n’est pas mémorisé car c’est la densité émotionnelle de l’actualité qui marque les esprits ; ce qui a pu constituer un sujet médiatique ne l’a pas été forcément pour l’opinion, comme dans le cas des « Pigeons », ce qui prouve un réel décalage entre les relais d’opinion et l’opinion elle-même ; le très mauvais score du pacte de compétitivité de Jean-Marc Ayrault, malgré un feuilleton médiatique autour de Louis Gallois, est évidemment une mauvaise nouvelle pour le gouvernement en cette fin d’année.