L’avenir de la France et de son modèle social passe par notre capacité à développer dans tous nos territoires une économie locale, performante et diversifiée.
Cet objectif nécessite de restaurer le potentiel de croissance de notre tissu de TPE et de PME régionales. Le "Made in France" ne suffit pas. Une véritable politique d’adaptation compétitive s’impose. Je ne conteste pas en la matière le rôle majeur des pôles de compétitivité, la recherche fondamentale, les moyens déployés pour faire émerger les technologies du futur.
Cependant, n’oublions pas la réalité de l’économie actuelle composée de milliers de TPE et de PME. Elles forment la base sociale de notre société et représentent plus de 60 % de l’emploi salarié. Cette économie constitue un des réacteurs les plus prometteurs de notre développement et de l’intégration par le travail de toutes les catégories de population.
C’est pourquoi je préconise une stratégie qui favorise une innovation adaptée aux TPE et aux PME. L’adaptation compétitive passe par la capacité des entreprises à rendre leurs offres plus attractives et ouvertes à la concurrence. Nous savons combien l’affaire est ardue. Nous tardons encore trop à nous adapter, à tirer les leçons de la montée accélérée des pays émergents qui remettent en cause les positions de nos entreprises.
Face à ce défi les TPE et les PME sont moins bien armées que les grandes entreprises. Le résultat est sévère, pour la première fois, en 2011, notre balance commerciale était même déficitaire avec nos principaux voisins européens. La crise actuelle révèle les conséquences de notre contribution de plus en plus faible (moins de 3 %) dans les échanges internationaux. Il nous faut rapidement inverser cette tendance. L’émergence d’une économie de l’immatériel est sans doute la plus grande chance qui s’offre à nous.
Hier nous achetions un produit pour ses qualités intrinsèques, aujourd’hui nous l’achetons de plus en plus pour tout ce qu’il véhicule en termes immatériels d’image ou de service. Dans cette logique la France dispose des trois paramètres clés : la maîtrise d’une économie productive, une connaissance exceptionnelle du consommateur final et une très forte capacité d’initiative dans l’économie immatérielle. Forte de cet atout de combinaison compétitive, la conquête de nouveaux marchés est à notre portée.
En particulier les économies émergentes qui accèdent au consumérisme à la mode occidentale (en 2020 : plus de 30 % des classes moyennes) nous offrent de formidables opportunités. Quelles mesures prendre pour favoriser cette combinaison compétitive sur l’ensemble du territoire ? La première orientation consiste à renforcer la trame patrimoniale de notre économie en capitalisant et développant nos avantages comparatifs (nos cultures, nos savoir-faire, nos paysages, nos universités, nos technologies). Cela redonnerait un sens au fameux made in France.
La seconde vise à rapprocher les zones à forte densité des zones à faible densité. Il s’agit de développer un équilibre et une articulation efficace entre les fonctions à valeur ajoutée issue des métropoles, et les fonctions productives issues des villes moyennes ou des zones rurales. Les relations de type "circuit court" entre une entreprise et ses sous-traitants, entre un artisan et de nouveaux résidents, entre une TPE et une structure de formation, entre une entreprise industrielle et un acteur Internet sont autant d’exemples de collaboration à encourager.
Cette approche est l’expression d’une nouvelle solidarité territoriale. La troisième consiste pour chaque région à coordonner tous les organes régionaux de développement économique en un seul réseau régional d’appui aux entreprises orienté vers la compétitivité. Les objectifs seraient ici, par exemple, la formation des entrepreneurs dans les domaines de l’immatériel (le design, le Web, les services après-vente, etc…), la mise en relation des entreprises avec les jeunes en formation (cf. l’apprentissage, projets d’innovation…) et la mobilisation de toutes les ressources nécessaires au développement des PME (cf. accès aux investisseurs, aux financements de l’UE…).
Une quatrième orientation consiste à assurer un coût du travail au plus égal à celui de l’Allemagne afin d’éviter de pénaliser encore plus nos entreprises. Cette évolution passe par une réduction des prélèvements obligatoires qui, eux-mêmes, dépendent de la capacité de l’Etat à entreprendre des réformes courageuses visant la baisse de la dépense publique.
Le projet de Loi de Finances 2013 porte lourdement atteinte à l’initiative entrepreneuriale, la capacité à innover et la compétitivité. Il méconnaît trois principes fondamentaux à savoir : encourager la prise de risque par une fiscalité particulière à la mobilisation d’épargne dans les entreprises, soutenir l’investissement et faciliter la transmission pour créer une dynamique entrepreneuriale.
A l’heure où 75 % de nos jeunes souhaitent être fonctionnaires, le pessimisme des entrepreneurs des PME-TPE a atteint un point culminant : selon un sondage de TNS Sofres, 84% des dirigeants de PME-TPE n’ont pas confiance dans les perspectives économiques !