La politique est moins sino-américaine, mais toujours très britannique et un peu américaine. L’attention économique est mondiale, mais avec un regard particulier sur l’Allemagne. Quant aux émissions de Credit, elles sont en pleine forme.
Les négociations commerciales sino-américaines au beau fixe
On en parlait déjà mercredi 17 avril ; tout a l’air de bien se passer sur le front des négociations commerciales sino-américaines et pourtant aucune information officielle ne vient le confirmer. Quelque chose était-il en train de coincer ? Eh bien non ; au moins si on en croit les informations les plus récentes. Les négociateurs américains seront à Pékin durant la semaine du 29 avril et leurs homologues chinois à Washington, la suivante. L’accord serait alors annoncé et les présidents Trump et Xi se rencontreraient à la fin mai pour le signer. Si tout ceci paraît crédible, car s’inscrivant sur la trajectoire repérée tout au long des derniers mois, force est de reconnaître que cela ne fait pas réagir le marché. Il y a ici une vraie différence par rapport au comportement observé auparavant. Sans doute, la communauté financière a-t-elle déjà intégré la fin constructive des discussions.
Faut-il alors considéré que les marchés en ont fini avec les fortes interférences du politique dans la réalisation de leurs anticipations ? Fondamentalement non, car un environnement international multipolaire et non-coopératif et une réalité de politique intérieure caractérisée par la montée du populisme vont maintenir un haut niveau d’incertitude. En remarquant aussi que de façon plus ponctuelle le débat politique peut participer du mouvement des prix d’actifs. Ainsi, depuis la fin mars, la composante santé de l’indice S&P 500 américain (elle pèse 13% de l’indice) a reculé de 6,6%. Depuis le début de l’année, sa performance relative est de -15%.
Pourquoi cela ? A cause du double débat qui agite les milieux politiques aux Etats-Unis. D’une part, le Président Trump ambitionne de faire baisser le prix des médicaments et d’autre part, les Démocrates défendent de plus en plus l’idée d’étendre Medicare (la couverture-santé publique des personnes âgées de plus de 65 ans) à l’ensemble de la population.
Brexit : et maintenant l'élection au Parlement européen
Restons une seconde encore dans les sujets politiques. Le dossier du Brexit n’a pas encore été mis derrière. Certes, le Parlement britannique est en vacances cette semaine et on a du mal à savoir où en sont les discussions entre Theresa May et Jeremy Corbin en vue de trouver un accord sur les relations futures avec le Continent. En attendant, la perspective d’une participation du Royaume-Uni à l’élection au Parlement européen de fin mai prochain est en train de modifier le rapport de force entre les différents partis politique. Selon un sondage YouGov, publié hier, le Brexit Party de Nigel Farage fait la course en tête avec 27% des intentions de vote. Il est suivi par le Parti travailliste (22%), le Parti conservateur (15%) et les Verts (10%). En fait, au moins dans le cadre assez particulier de cette élection, le Brexit Party « siphonnerait » les voix du Parti conservateur. Ce qui envoie un double message : pas trop d’empressement côté Parti travailliste pour trouver un accord avec la Première ministre et un affaiblissement de celle-ci au sein du Parti conservateur. Theresa May pourra-t-elle se maintenir encore, longtemps à la tête à la fois de son parti et du gouvernement ? Cela paraît de plus en plus compliqué et l’avenir politique à court terme du pays est décidemment très peu lisible.
Parlons économie, pour noter que c’est aujourd’hui que sont publiés les PMIs provisoires d’avril pour un certain nombre de pays (Japon, Allemagne et France, Zone Euro et Etats-Unis). On s’attend à des niveaux plus élevés d’un mois à l’autre dans le secteur manufacturier. Il est important que cela se passe ainsi, afin de consolider les anticipations d’un momentum plus favorable de la croissance à partir du deuxième trimestre. Notons que, dans le cas de l’Allemagne, un tel profil n’empêcherait pas une augmentation assez modeste du PIB en moyenne sur l’année en cours : guère au-delà du 0,5%, retenu dorénavant comme prévision officielle du gouvernement. Pourquoi cela ? Au titre d’un repli de l’activité en T3 2018, suivi d’une stagnation en T4 2018 qui s’est sans doute reproduite en T1 2019. L’inflexion haussière devrait donc se faire en T2 et ce rythme plus favorable se poursuivrait par la suite (en +0,3% et +0,4% trimestre après trimestre).
Finissons en notant le niveau record atteint au niveau mondial par les émissions obligataires corporate depuis le début de l’année : selon des chiffres proposés par le Financial Times, 747 milliards de dollars au 15 avril, soit un peu plus que sur la même période en 2017. La pause dans la normalisation des politiques monétaires et sans doute aussi l’espoir que l’activité économique se reprenne sont les explications à mettre en avant.
Le FMI n’a pas fini d’attirer l’attention sur des niveaux de dettes, qui deviendraient préoccupants en cas de ralentissement un tant soit peu marqué de la croissance économique ou de remontée autre que marginale des taux d’intérêt. Heureusement, ce n’est pas ce qu’on anticipe !