A quelques jours du scrutin et au lendemain du troisième et dernier débat télévisé qui ne devrait pas bouleverser la course à la Maison Blanche, la seule certitude réside dans la totale incertitude du résultat de l’élection, ce qui révèle la formidable vitalité de la démocratie américaine (seuls les pays autoritaires comme la Russie ou Venezuela connaissent leurs présidents avant les élections).
Néanmoins, j’ose mon pronostique : Mitt Romney. Pour une raison fondamentale qui émane de l’ADN de l’identité américaine. En effet, toute campagne présidentielle américaine, rythmée en apparence par les aléas de l’actualité, reflète les courbes de l’Histoire, souvent invisibles au premier abord et qui s’expriment par des mots–clés.
Un rappel historique. George Bush, avec sa "guerre contre le terrorisme" pour seule stratégie, a fini par incarner, à échelle globale, la Peur (Fear). En élisant Barack Obama, les Américains ont voulu transformer cette peur en Espoir (Hope), en symbiose avec le Rêve Américain, celui-ci se lisant même sur le physique de leur nouveau champion. Or Obama a déçu. Etant toujours bien, il n’a jamais été bon, à la hauteur de ce Rêve.
La magie de l’Espoir, tant attendue et recherchée, s’est vite évanouie, rattrapée par les urgences de la crise économique. Que restent – ils, dans ce contexte, aux Américains, jamais fatalistes, toujours en quête d’une solution pragmatique ? Retour aux sources de leurs Valeurs (Values) initiales, à l’origine de leur civilisation et de leur succès : liberté individuelle, tropisme entrepreneurial fondé sur une initiative privée, patriotisme, religion. En d’autres termes - réinventer l’Amérique de départ.
Il est évident que Romney correspond mieux qu’Obama à ce mouvement de balancier dans l’inconscient américain. Avec la première conséquence, regrettable et dommageable pour le reste du monde : oscillant historiquement entre messianisme et isolationnisme, l’Amérique de Romney flirtera, dans un premier temps, avec un nouveau repli identitaire, et ce, face à un monde qui n’a jamais été aussi interconnecté et interdépendant comme aujourd’hui (et il le sera encore plus demain).
Cette tentation d’auto-isolement des Etats-Unis rentrera vite en conflit avec les défis de la Globalisation du XXI siècle et nécessitera une remise en cause de ce pays – monde qui reste indispensable pour l’ensemble des équilibres géostratégiques. Dans l’hypothèse (moins probable, à mes yeux) de la victoire d’Obama, les Etats-Unis s’installeraient dans une vaine fuite en avant, faute de vision d’avenir claire et volontariste.