Inutile de tourner autour du pot. Désormais, quand vous lirez ou entendrez qu'une banque centrale "lance un programme d'assouplissement quantitatif en rachetant des centaines de milliards de [ici, la monnaie] d'actifs", vous traduirez mentalement : Elle a relancé les planches à billets, même si de nos jours il suffit que le big boss de la banque centrale, non sans râler, tape un 1 suivi de quelques 0 sur un ordinateur pour créer de la monnaie électronique virtuelle.
La Fed Bank, la banque centrale américaine, l'a fait et tant et plus, en particulier depuis le déclenchement de la crise en 2008, on parle de milliers de milliards de dollars. Elle continue. La Banque Centrale Européenne l'a fait, la encore, on parle de milliers de milliards d'euros. Elle continue aussi. La Banque du Japon qui le faisait depuis là encore des années mais avait promis tel un fumeur conscient de son vice autodestructeur, de s'arrêter à la fin de l'année... a baissé les bras, et annoncé qu'elle "rachèterait encore des actifs" à gogo, et ce, sans limite dans le temps. Quelques chiffres quand même pour être précis : la Banque Centrale du Japon s'engage à acheter pour... 110 miliards d'euros d'actifs (bidons, puisqu'il s'agira pour l'essentiel de "Bons du Trésor", qui ne sont gagés sur rien, et ne seront jamais remboursés)... par mois. C'est un peu comme si arrivait sur votre compte tous les mois par virement électronique des milliers d'euros sans que personne ne soit débité en face, comme par miracle. A un condition impérative : les dépenser tout de suite.
En fait, la banque du Japon était la dernière qui laissait encore croire qu'elle arrêterait de jouer au bilboquet dans le magasin de porcelaine de l'économie mondiale. C'était aussi la dernière à imaginer pouvoir rester indépendante, et ne plus pouvoir obéir et à la pression politique, et à la pression des agents économiques. Hier, elle a officiellement annoncé qu'elle se pliait aux exigences du nouveau gouvernement japonais sorti des urnes la semaine dernière. Et elle aurait tort de s'en priver. La principale raison pour laquelle il est déconseillé de créer de la monnaie à toute berzingue, c'est la crainte d'un retour de l'inflation, qui pourrait devenir galopante et incontrôlable, comme dans l'Allemagne des années 30. Or, pour l'instant, l'inflation sommeille, tant aux Etats-Unis qu'en Europe. Même si d'une certaine manière, l'envol des prix de l'immobilier un peu partout en Occident, qui appuie fortement sur la base de la pyramide des besoins fondamentaux (dite pyramide de Maslow), est une forme d'inflation qui taît son nom. Nous en reparlerons bientôt ici.
Le problème, c'est que si tout le monde se mets à imprimer (à créer virtuellement) de la fausse monnaie... A un moment, il risque d'y avoir un perdant. Et au jeu d'attrape moi si tu peux, c'est presque toujours le moins agile, aux mécanismes de prise de décision les plus compliqués, qui perd... Vous suivez mon regard ?