Vincent Bolloré (mais aussi Peugeot, Renault et consorts) en a rêvé, la Commission européenne suggère de le faire… Quoi donc ? La multiplication rapide et massive, un peu partout en Europe, du nombre de bornes destinées à recharger les voitures électriques. A croire que la « blue car », sur laquelle l’entrepreneur français a notamment travaillé pendant plus de dix ans, fait des émules au-delà des frontières de l’Hexagone.
Bruxelles doit présenter aujourd'hui un plan d'action destiné à développer cette technologie. S’il est adopté, chacun des vingt-sept pays membres de l’Union Européenne devra notamment créer un nombre minimum de bornes d’ici 2020, comme l’expliquent Les Echos. En France par exemple, on en compte actuellement 1 600, ce qui est déjà beaucoup par rapport à d’autres pays, notamment d'Europe de l’Est. Or Bruxelles voudrait que l'Hexagone en compte 97 000, soit soixante fois plus, d'ici seulement sept ans ! En Europe, on passerait cette fois de 14 000 bornes pour véhicules électriques à 795 000… Et encore, il ne s’agirait là que des bornes accessibles au grand public dans des lieux publics. Si l’on rajoute les bornes réservées à un groupe de personnes, installées sur le parking d’une entreprise par exemple, l’Europe devrait en dénombrer à (court) terme huit millions !
Encore faut-il, pour que le plan de Bruxelles soit économiquement viable, que ces bornes soient toutes aux mêmes normes, pour éviter à l’Italien de se retrouver en panne devant une borne à Paris, faute de prise compatible… ! Pas de chance pour la France, la norme retenue au niveau européen n’est pas celle dont les bornes françaises existantes sont équipées… Il va donc falloir toutes les changer !
La présence de bornes partout, à la maison, au bureau, dans le quartier, sur l’autoroute ainsi que dans tous les pays voisins est évidemment une des conditions sinequanone pour que le marché de la voiture électrique prenne enfin son essor. Pas question pour une famille de se retrouver sans batterie sur la route des vacances et d'appeler un dépanneur parce que cela fait plusieurs centaines de kilomètres que le conducteur n’a pas croisé une borne… Même chose pour les chauffeurs de véhicules utilitaires électriques, un marché qui démarre tout doucement, en France notamment. Le transport de marchandises est une science exacte qui ne tolère pas le coup de la panne.
D’après le cabinet d’étude Pike Research, les ventes mondiales de véhicules électriques (hybrides rechargeables et hybrides inclus) devraient atteindre 827 000 exemplaires en 2020, soit environ 4% du marché, contre seulement 120 000 exemplaires vendus en 2012 (0,7% du marché environ). En France, le gouvernement table sur la mise en circulation de 450 000 véhicules électriques d’ici 2015 et de 2 millions d'ici 2020. L’Europe donnerait ainsi un sacré coup d’accélérateur au développement de cette technologie non-polluante. De quoi relancer une industrie automobile en panne ?