Le nouveau PSA est né. Bercy impose le gel des dividendes et des stock-options en échange des 7 milliards d'euros versés pour sauver la banque Peugeot .
Philippe Varin a annoncé hier les résultats du 3ème trimestre pour PSA, pas de miracle, ils sont mauvais. Sur les 9 premiers mois de l'année, le groupe a cumulé un chiffre d'affaires de 42,5 milliards d'euros en retrait de 4,7 %. A la fin de cette année, le groupe verra sa dette passer de 2,4 à 3 milliards d'euros. Sur les parkings les stocks de voitures neuves s'accumulent, 471 000 véhicules Peugeot ou Citroën attendent des clients !
Heureusement l'Etat est intervenu en apportant une garantie publique de 7 milliards d'euros sur 3 ans à la banque PSAFinance, l'établissement de crédit du constructeur. Mais il y de lourdes contreparties.
"C'est normal" a sobrement commenté Philippe Varin qui n'en n'était pas à une couleuvre prêt : il s’est aussi engagé à "féminiser" ce même conseil de surveillance. L'autre gros sujet de cette conférence de presse à laquelle les journalistes ont été conviés par un mail à 18h la veille et durant laquelle "aucun film et aucune photo ne pouvait être pris", c'est l'alliance avec General Motors.
Et une bonne nouvelle pour les employés de Rennes- La Jeannaie, il y aura bien un nouveau modèle à construire pour remplacer les C5. Une plate-forme commune est en train de naître dans les bureaux d'études sur laquelle on installera indifféremment soit une Peugeot soit une Citroën soit encore une Opel. Le modèle est prévu pour... 2016 et d'ici là les syndicats de Rennes se demandent bien ce que les employés vont faire.
Trois autres modèles communs devraient voir le jour par exemple un petit monospace, un petit véhicule à faible émission de C02 et enfin un monospace compact. Ainsi donc l'alliance avec le géant américain commencerait à donner des résultats concrets, qui devrait déboucher sur 2 milliards de dollars d'économies. Avec toutefois cette interrogation : on remarque que ces projets de nouveaux véhicules ne s'adressent pour l'instant qu'au marché européen dont Philippe Varin dit lui-même qu'il restera plat. On ne parle plus d'un développement conjoint en Amérique du Sud ou dans d'autres pays émergents.
Tout se passe comme si Detroit était en train de réduire la voilure avec son "ami" PSA. Dans cette conjoncture évidemment il n'est pas question de revenir sur la fermeture d'Aulnay sous Bois et ses 8 000 suppressions d'emplois. Philippe Varin a donné cependant une indication sur la capacité du groupe à réindustrialiser ce secteur de la Seine Saint Denis : il a expliqué que sur les 1 500 employés qui ne resteraient pas à PSA, il avait déjà noué 1 000 contacts prometteurs.
En quittant cette conférence de presse de crise avec eau et cacahuètes, (chose étrange Pavillon Gabriel) nous avions l'impression que PSA n'était plus complètement maître chez lui. En fait le Lion s'est fait tordre le bras par le gouvernement.
On peut aisément penser que cette situation ne plaira ni à une partie de la famille Peugeot ni à une partie des négociateurs américains de GM pour lesquels l'intervention de l'Etat est le mal absolu.