La cagnotte de l’assurance-vie mise à contribution pour sauver l’immobilier ?

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 23 mars 2023 à 9h57

C'est sur que lorsque l'on voit les comptes de la Nation et la dette publique, (au moins 1800 milliards d'euros), et de l'autre côté, la cagnotte de l'assurance-vie (1400 milliards), c'est tentant de vouloir piocher un peu dedans... Cela s'est d'ailleurs déjà vu : en Slovaquie, le gouvernement a "nationalisé" une partie de l'épargne privée sur les contrats d'assurance-vie pour renflouer le système de retraite publique.

Mais en France, on fait dans la douceur, la finesse. Quand Jérome Cahuzac, le ministre du Budget, parle de l'assurance-vie devant des banquiers et des assureurs à l'Assemblée, il se garde bien de laisser paraître les étoiles dans ses yeux. "Le gouvernement pourrait privilégier des dispositions incitant […] à ce qu'une partie de cette épargne puisse s'investir dans le secteur immobilier. […] On parle là de quelques dizaines de milliards d'euros, et non pas au-delà. Ce serait donc une utilisation marginale, mais nécessaire pour un secteur qui aujourd'hui souffre énormément". (cité par Les Echos ce matin).

Les assureurs et banquiers qui proposent des contrats d'assurance-vie à leurs clients, et leur vendent en même temps un rendement (les fameux packs "Prudence / Père de Famille / Dynamique / Ambition" en fonction des rendements et de la prise de risque acceptée) se verraient donc contraints par décret ou par la loi d'investir une part des sommes qui leur sont confiées dans de la promotion immobilière. Mais évidemment, leur réponse a été unanime : pour quel rendement ? Si c'est pour faire 1%, ou même perdre de l'argent, ils ne sont pas très enthousiastes. Et demandent à l'Etat de garantir la différence entre le rendement moyen de leurs placements (3 %) et le rendement que la promotion immobilière leur permettrait d'obtenir. Et évidemment, le gouvernement répond qu'il n'a pas le sou pour cela.

Au final, si cette solution est adoptée, ce seront fort probablement les contrats d'assurance-vie qui trinqueront, faisant baisser leur rendement (à 2,8 ou 2,5 % ?), les rendant un peu moins attractifs... si ce n'est leur fiscalité (encore) très avantageuse.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).