Jusqu’ici, si vous aviez créé votre entreprise avant de devoir la fermer, vous étiez fiché pendant trois ans à la Banque de France. Marqué au fer rouge pendant plus de mille jours, comme un pestiféré bancaire ! Cette époque est en passe d’être révolue puisque le « fichage » des chefs d'entreprise à la Banque de France, en cas de défaillance de leur société, va être modifié.
Fleur Pellerin, ministre déléguée aux Petites et Moyennes Entreprises, à l'Innovation et à l'Economie numérique, l’a annoncé au Salon des entrepreneurs mercredi soir. Elle veut réaménager, comme le demande depuis longtemps le MEDEF, l’indicateur « 040 » de la Banque de France. Il catégorise pour trois ans les patrons ayant dû déposer le bilan de leur entreprise et leur attribue une note, sorte de A, B, C ou D, en fonction des données transmises par les tribunaux de commerce. Dans ces conditions, comment un patron qui s’est planté une fois peut-il notamment décrocher un prêt auprès d’une banque, préalable souvent indispensable pour renouer avec la création d’entreprise et qui sait, le succès ? S’il n’est pas question de supprimer purement et simplement cet indice, l’idée est qu’il distingue à présent les faillites dues à des erreurs de gestion et celles relevant de causes purement économiques.
Aux Etats-Unis, nombreux sont les grandes stars des affaires à avoir d’abord échoué, avant de rebondir. L’ex-PDG de Google, Eric Schmidt, fait partie de ceux qui prônent justement la culture du recommencement permanent. « At Google, we celebrate our failure ». Il existe même une conférence baptisée « Failcon » (« fail » signifie échec) organisée régulièrement dans la Silicon Valley, où les entrepreneurs viennent échanger sur leurs insuccès et les éventuelles mauvaises décisions prises.
Ce fichage à la Banque de France est une des raisons pour lesquelles les entrepreneurs français mettent plus de temps que leurs homologues étrangers à « se remettre d’un échec », comme l’a souligné la ministre (diplômée de l’ESSEC), qui évoque un droit au « rebond ». D’après The Economist, qui a souvent la dent dure avec l’Hexagone, la France fait partie des pays qui « gardent ses entrepreneurs ayant échoué dans les limbes pendant des années ». Si en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, il faut en moyenne maximum un an à un créateur d’entreprise pour écluser ses dettes en cas d’échec, en France, il lui en faut au moins neuf !