Louis Gallois : portrait d’un patron de gauche

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Par JOL Press Publié le 6 novembre 2012 à 14h49

Dans un contexte de crise de confiance des entrepreneurs à l’égard du gouvernement, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a demandé à Louis Gallois, grand industriel et ex-patron d'EADS, de lui rendre un rapport sur les mesures à prendre pour redresser la compétitivité de l'industrie française. Retour sur le parcours de ce patron qui n'a jamais caché son engagement à gauche.

Ancien grand patron, son rapport rendu lundi 5 novembre dernier est déterminant pour la croissance et l'emploi : coût du travail trop élevé, crainte des entrepreneurs, déconfiture des industriels français. Louis Gallois doit répondre à la question suivante : faut-il ou non provoquer un choc de compétitivité ?

Revenons sur la carrière de celui qui a été nommé le 6 juin dernier commissaire général à l'investissement en Conseil des ministres. Louis Gallois est né en 1944 à Montauban. Lors de son passage à l’ENA (promotion Charles de Gaulle, 1970-72), il adhère à la CFDT, qui vient de créer une section au sein de l’école, et s’encarte au PS avec l’un de ses plus vieux amis, Jérôme Clément, ancien patron de la chaîne Arte.

Diplômé d’HEC, il commence alors sa carrière comme haut fonctionnaire, en intégrant en 1972 la direction du Trésor, sous le regard bienveillant de Pierre Bérégovoy et Pierre Joxe. En 1981, il devient le directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Recherche et de la technologie. Il sera ensuite nommé directeur général de l’Industrie au ministère de l’Industrie, puis chargé de mission au ministère de l’Économie, des finances et de la privatisation. C’est ce poste qui le conduira à travailler dans le secteur aéronautique en devenant PDG de la SNECMA (motoriste aéronautique et spatial de premier rang) puis de l’Aérospatiale en 1992.

Il quittera l’entreprise juste avant la fusion avec Dassault Aviation. En 1996, il remplace Loïk Le Floch-Prigent à la tête de la SNCF, puis devient co-président d’EADS et président d’Airbus en 2006. Louis Gallois sera président du groupe EADS en 2007. Lorsqu’il quitte le groupe en mai dernier, il peut se féliciter des très bons chiffres du groupe : plus de 1400 commande dans l’année, un carnet de commande de 540 milliards d’euros et du cash à hauteur de près de 11 milliards d’euros.

Le 10 octobre 2011, il fonde La Fabrique de l'Industrie, un laboratoire d'idées, destiné à ouvrir et stimuler la réflexion sur les enjeux et les perspectives de l'industrie. Il est également président de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS), une fédération française d'organismes et d'associations proposant aux personnes en situation de grave détresse sociale un accueil, un hébergement et une aide à la réinsertion sociale.

Ses anciens collaborateurs parlent d’un homme très attaché au patriotisme économique : "Pour lui, l'aéronautique est une industrie de souveraineté, il considère cela comme une donnée de base", a confié à Challenges l’un d’entre eux. Passionné mais aussi homme de terrain, il a toujours voulu épargné au mieux les salariés lors des plans sociaux ou des restructurations des entreprises qu’il a dirigées.

Entré à la SNCF dans un contexte social extrêmement tendu, il s’est révélé être un expert en dialogue social, apprécié et respecté des cheminots. Lorsqu’il quitte l’entreprise en 2006 pour rejoindre le groupe EADS, ses qualités de dirigeant ont été publiquement et unanimement saluées par les syndicats. Son passage à la tête du groupe aéronautique a confirmé ces qualités : "C'est un patron qui défend les intérêts de l'État et des actionnaires, et il ne s'en cache pas. Mais, à la différence de Noël Forgeard (ancien patron d’EADS, ndlr), il tient à ce que les organisations syndicales soient informées en priorité", confiait à la mi-octobre Xavier Petrachi, délégué syndical CGT à Airbus, à l’Expansion.

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