La France compte désormais 3 169 300 chômeurs fin janvier 2013, soit un chiffre très proche malheureusement du pic atteint en 1997 : 3 205 000, selon les statistiques du ministère du Travail publiées hier. Attention tout de même à ne pas tomber dans le piège du "record à battre" : il convient en effet de préciser que depuis 1997, la population française elle-même a augmenté de 5,9 millions d'individus.
Après une (relative) accalmie en décembre, la hausse inquiétante du nombre de chômeurs repart de plus belle en janvier : + 43 900 personnes n'ont pas du tout travaillé le mois dernier, contre « seulement » + 8 000 en décembre. En tout, le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté en janvier d'environ 60 000. C'est le vingt-et-unième mois consécutif que le chômage augmente.
Malgré l'impression de multiplication des plans sociaux, en réalité, on ne constate pas de sursaut des licenciements économiques. Sans doute se feront-ils sentir dans quelques mois.
Le chômage de longue durée ainsi que celui des jeunes restent parmi les plus préoccupants. D'après le baromètre 2013 du moral des jeunes diplômés publié cette semaine par Deloitte et dans le Huffington Post, 45% des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur depuis moins de trois ans indiquent être à la recherche d'un emploi. Quant aux grandes écoles, en un an, la proportion de leurs diplômés cherchant un job a pratiquement doublé : 28% en janvier 2013, contre 16% en 2012.
Pourtant, certains économistes tentent de relativiser. Ainsi Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS et chercheur à l'Ecole d'économie de Paris, souligne que le marché de l'emploi français résiste remarquablement bien à cette crise sans précédent, dans une interview à 20 Minutes. « Compte tenu de la durée de la crise que nous traversons, si on s'en tenait aux séries statistiques dont on dispose depuis 1945, les ajustements sur le marché du travail aurait été bien plus forts avec au moins un demi million de chômeurs en plus en France. Au niveau européen, on devrait avoir 4 à 5 millions de chômeurs de plus, selon les estimations du Bureau International du Travail ». Une des hypothèses avancées est que « la main d'œuvre est aujourd'hui bien plus qualifiée que lors du pic de chômage de 1997, ce qui incite les entreprises à les conserver. Cette population active, issue de la démocratisation scolaire des années 1980, a donc structurellement une meilleure résilience par rapport à la crise ». S'il le dit...