Les chiffres qui vont suivre sont tout bonnement édifiants. Mis côte à côte, ils constituent un cocktail détonnant. Révolutionnaire, même. Voyez donc :
- 5,5 millions de chômeurs inscrits au Pôle Emploi
- 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté
- 3,2 millions de salariés au SMIC
- 1,7 million de personnes au RSA
- 1 million de Français inscrits aux Restos du Coeur
- Le taux de croissance moyen perd un point chaque décennie
- La dette publique double tous les 12 ans
- 1 entreprise fait faillite toutes les 2 minutes
- 34 % des 18-34 ans envisagent de quitter la France
- 25 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage
- 80 % des nouveaux emplois créés sont des CDD
- Seuls 4 % des Français éprouvent du respect pour les partis politiques
Voici donc le funeste bilan de ces trente dernières années... Pourtant, pendant cette période, la France a continué à produire des richesses. Elles ont même plus que doublé, mais se sont concentrées entre les mains de ceux qui gèrent l'abondance et qui profitent du système. Je fais d'abord référence à la génération du baby-boom, propriétaire de 68 % du parc immobilier et de la moitié de la capitalisation boursière. Leur revenu moyen dépasse de plus de 15 % celui des actifs... Je pense aussi aux corporations et aux syndicats, qui veillent sur leurs avantages comme des dragons veillent sur leurs trésors. Et comment ne pas citer les gouvernants politiques de tous bords qui se sont succédés ces trente dernières années, complices de ces injustices aussi bien par lâcheté que par incompétence ?
Nous avons là, sous nos yeux, tous les ingrédients qui pourraient donner lieu à un soulèvement populaire de grande ampleur, et pourquoi pas, même, une révolution. Mais pourquoi alors rien de tel ne se produit ? Qu'attendons-nous pour manifester notre indignation ? Il y a plusieurs raisons à cela. D'abord, les moins de quarante ans sont les enfants de la crise. Ils ne connaissent de ce monde que la précarité et la tourmente, et se sont résignés à l'accepter. Dans le Mythe de la Caverne, Platon met en scène des personnes enchainées et immobilisées dans une grotte, qui tournent le dos à l'entrée, et ne perçoivent que les ombres véhiculées par des objets situés loin derrière eux. Ces ombres constituent leur unique réalité. Notre jeunesse est aujourd'hui dans cette situation. Enchaînée, elle n'a pour réalité que la crise et la rareté.
Mais cela va bien plus loin : c'est l'ensemble de la population qui a été infantilisée. Le spectacle médiatique occupe les âmes et aliène les masses. L'esprit de responsabilité est anéanti par un pouvoir politique qui se mêle de tout, et surtout de l'inutile et du dérisoire. La prise du risque est mise à mal par un principe de précaution absurde et décadent. La finance impose ses lois à des Etats devenus faibles. L'Euro et la mondialisation, supposés nous prémunir contre la crise et générer de la croissance ont créé plus de problèmes qu'il n'en ont résolus...
Dans le chapitre des Misérables intitulé "L'extrême bord", Victor Hugo eut cette formule lumineuse : « Il vient une heure où protester ne suffit plus; après la philosophie il faut l'action; la vive force achève ce que l'idée a ébauché ». Nous y sommes. Le temps est venu de nous réveiller ! Le temps est venu de reconquérir la France ! Nous, les enfants de la dette, les enfants de la crise, libérerons-nous des forces qui nous emprisonnent et qui nous brident ! Notre pays a des atouts immenses (sa géographie, sa démographie, ses infrastructures, son savoir-faire, son agriculture, sa culture...). Ajoutez à cela que nous sommes à l'aube d'une possible nouvelle révolution industrielle : tout va être bouleversé par les innovations à venir dans le numérique, les biotechnologies, l'impression 3D, la robotique, les nano-technologies, l'intelligence artificielle... Alors saisissons-nous de la fabuleuse mutation qui est à l'oeuvre ! Ne laissons pas l'incompétence et l'ignorance décider de notre devenir ! Ne rien faire, c'est collaborer. Agir, c'est résister.
A vous, à nous, de jouer !