Alors que les hommes aiment faire des plans sur la comète, s’imaginent dans des projets délirants, nourrissent des ambitions (souvent) démesurées qui sont servies par le Net, les femmes voient (généralement) plus petit, plus modeste.
"Réussir pour une femme ne se compte pas forcément en milliards. C’est un mélange plus subtil entre un besoin de création, de liberté et d’harmonie familiale", analyse Isabelle Bordry, ancienne PDG de Yahoo ! France et fondatrice de WebMediaGroup, un portail qui fédère un ensemble de sites e-commerce qui répondent aux nouvelles attentes des femmes. Mais on retrouve les mêmes maux dans l’économie traditionnelle.
Il n’y a pas de réussite extraordinaire, fabuleuse, de femmes dans le Web en France, tout comme il n’y a pas de femme PDG d’une entreprise du CAC40 ! Le Web semble tout simplement être le reflet de notre société actuelle. En France, une entreprise sur trois est créée par une femme. Des chiffres qui sont à peu près similaires dans le Net mais non confirmés puisque l’APCE ne dispose pas encore de statistiques précises sur le sujet. Pas encore de réussites spectaculaires de femmes dans l’Hexagone ? L’explication est aussi mathématique.
En 2012, les dossiers qui viennent s’agglutiner sur les bureaux des business angels et autres fonds restent – sans conteste – davantage portés par des hommes que des femmes. S’il y a plus d’hommes sur la ligne de départ, il est donc logique qu’il y en ait davantage sur la première marche du podium. D’ailleurs, nous en faisions tous les deux l’amère constatation lorsque nous présentions l’émission i<lab sur i<télé : il nous était, semaine après semaine, de plus en plus difficile d’établir une parfaite mixité sur le plateau.
"On aurait pu espérer que le déséquilibre entre entrepreneurs et entrepreneuses sur le Web se résorbe plus rapidement", reconnaît Yseulys Costes lorsque nous l’interrogeons sur ce sujet. Nous assistons plutôt à la situation inverse. Les chiffres de Jaïna Capital que nous avons passés à la loupe viennent conforter notre analyse : Jaïna reçoit environ 1 500 dossiers de financement par an.
Seuls 5 % sont portés par des femmes CEO. "Les femmes doivent travailler sur leur confiance en elles-mêmes. Mais à leur décharge, regardez les modèles qu’on leur renvoie en permanence : Bill Gates, Mark Zuckerberg, Steve Jobs, Richard Branson ! Ce ne sont que des hommes ! L’entreprenariat doit aussi se montrer accessible aux femmes", s’impatiente Donna J. Kelley, professeur au Babson College et auteur de l’étude dont nous parlions précédemment.
En France aussi, le fait qu’il n’y ait pas encore une égérie, un symbole, un modèle de réussite, peut être de nature à pénaliser leur ambition.
Extraits de "Grandeurs et misères des stars du Net" par Capucine Graby et Marc Simoncini. Editions Grasset (2012). 17,10 euros