L’effet « gilets jaunes » est-il passé ?

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Par Julien Manceaux Publié le 2 mars 2019 à 7h29
Gilets Jaunes Commerce Ligne Croissance 1
@shutter - © Economie Matin
1,3%La baisse du taux d?inflation n?était que de 1,3% en février et devrait être inférieur à 1% dans les mois à venir.

En France, la confiance des consommateurs a rebondi en février, passant de 92 à 95, son plus haut niveau depuis octobre. Les intentions d'achat réagissent toutefois plus lentement que les intentions d'épargne. Les dépenses de consommation en janvier ont rebondi de 1,2%, une amélioration peut donc être attendue après la contraction observée au dernier trimestre. Pour autant, il est trop tôt pour déclarer la crise des « gilets jaunes » terminée.

La confiance des ménages remonte

Après le début des manifestations des "gilets jaunes" en France en octobre dernier, la confiance des consommateurs s'est effondrée brusquement en novembre et était tombée à 86 en janvier. Le degré d'anxiété était élevé et la confiance des consommateurs dans leur capacité d’épargner était tombée à leur niveau le plus bas depuis 2008. Trois mois plus tard, avec le nombre de «gilets jaunes» sur les ronds-points en forte baisse, la confiance se rétablit. L'indice principal a ainsi rebondi en février pour atteindre son niveau d'octobre. À 95, il reste inférieur à la moyenne des trois dernières années (98), mais cela indique néanmoins qu'un rebond des dépenses de consommation est probable au premier trimestre. Une autre chose qui pourrait également aider est la baisse du taux d’inflation qui, grâce à la baisse des prix du pétrole, n’était que de 1,3% en février et devrait être inférieur à 1% dans les mois à venir, renforçant ainsi l’augmentation actuelle du pouvoir d’achat.

Il ne faut cependant pas s'attendre à un rattrappage spectaculaire. L’enquête de février indiquait que les intentions d’achat se redressaient moins vite que les vélléités d’épargne, ce qui implique que les consommateurs ont l’intention de rester prudents. En effet, même si les craintes de chômage étaient également revenues à leur niveau d’octobre, l’évaluation des perspectives économiques par les ménages français restait sombre en février.

Gr 1  Les intentions d’achats sont encore faibles

Source : Thomson Reuters

Est-ce la fin de l’effet « gilets jaunes » ?

Les données sur les dépenses de consommation de janvier un rebond de 1,2% sur un mois. Les dépenses étaient ainsi en hausse de 0,9% sur un an. Nous pensons que leur croissance devrait être positive au T1 après la contraction de 0,7% enregistrée au T4 mais il est certain que la tendance sur six mois (voir Graphique) reste orientée à la baisse. Cela devrait néanmoins se traduire par un rebond de la consommation privée au T1, que nous estimons à 0,5% en glissement trimestriel après la stagnation enregistrée au 4T18. Cela devrait aider le PIB à rebondir de 0,4% au T1.

Cela ne signifie toutefois pas que la « crise des gilets jaunes » est terminée. L'impact sur la croissance se fera encore sentir au T1, pesant sur la croissance globale de 2019: nous maintenons inchangée notre prévision de croissance du PIB de 1,3% pour cette année. Les effets du mouvement sont temporairement atténués par le grand débat national que lequel le président Macron fera un premier rapport le 6 mars. Le mouvement pourrait reprendre de l’élan plus tard dans l'année si les propositions de réforme décevaient cette part de l’électorat. Pour le moment cependant, il semble que les tensions puissent être maîtrisées jusqu'aux élections européennes. D'ailleurs, il semble que le petit mouvement politique né dans les rangs des "gilets jaunes" coûtera plus de voix à gauche qu’à M. Macron ou Mme Le Pen. Leurs listes sont en tête dans les sondages, montrant que Mme Le Pen semble être la seule alternative à M. Macron pour le moment.

Gr 2 Les déboires de la construction sur les 10 dernières années

Source: Thomson Reuters

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Julien Manceaux est Senior Advisory Economist chez ING. Il travaille depuis plus de dix ans dans l’équipe Eurozone de la recherche économique d’ING à Bruxelles et suit plus particulièrement les développements macroéconomiques en France. Pour ING, il est également spécialiste des questions de commerce international et de stratégies d’exportations, d’immobilier et d’épargne. Après deux mastères en économie appliquée, Julien vient de terminer le global EMBA de la prestigieuse IESE business school de Barcelone afin d’être au plus près des préoccupations stratégiques des clients d’ING, notamment en matière d’innovation.