OPINION
En 2011 déjà, Alain Afflelou annonçait avec ambition son lancement de l’enseigne Afflelou Acousticien dédiée à la délivrance de prothèses auditives. 80 magasins devaient naître dès la première année… Deux années ont passé et le réseau compte difficilement une quarantaine de centres dont la plupart sont des centres historiques Afflelou Opticien. Les recettes du géant de l’optique ne seraient-elles pas applicables à l’audition ? Loin s’en faut, les raisons sont ailleurs. Afflelou met les pieds sur un marché dont les pratiques et l’immobilisme sont comparables à ce que le monde de l’optique connaissait il y a trente ans : pratiques commerciales opaques, attaques permanentes des historiques du secteur qui refusent la progression, celle-ci leur étant présupposée comme défavorable, organisation d’une pénurie de professionnels grâce au numerus clausus de formation des audioprothésistes fixé par les syndicats eux-mêmes. Et c’est ce dernier point qui handicape grandement le développement de la nouvelle enseigne.
L’annonce de l’offre Tchin-Tchin adaptée à l’audition est une très bonne nouvelle pour les malentendants et pour ceux qui militent pour un meilleur taux d’équipement des français, en queue de peloton des pays occidentaux. Sonalto souhaite la bienvenue à Afflelou et se réjouit de voir le marché de l’audition évoluer malgré les réticences systématiques et donc souvent ridicules de ces mêmes syndicats. L’UNSAF qui représente une partie des audioprothésistes indépendants se fendait d’un communiqué de presse il y a quelques jours dont la teneur laisse songeur : « Cette forme de cynisme commercial (ndlr l’offre TchinTchin) visant à faire des affaires à n’importe quel prix inquiète l’UNSAF car elle est totalement incompatible avec les impératifs de santé publique et d’exercice de la profession d’audioprothésiste. » On se demande alors qui tient la corde en termes de cynisme… Pourtant, du point de vue du grand public, on ne peut que se réjouir de l’arrivée de ce nouvel acteur…
Nous nous permettons d’alerter une nouvelle fois le grand public et les pouvoirs publics sur les pratiques ultra conservatrices de la profession qui cherche à défendre les intérêts financiers de moins de 2 500 professionnels au détriment de la liberté de commerce, de l’innovation et donc du consommateur. Dès 2011, l’UNSAF réagissait avec une virulence non contenue à l’arrivée de l’assistant d’écoute Octave de Sonalto, première solution sérieuse de confort auditif accessible en libre service, en cherchant par tout moyen à étendre son monopole de distribution à une solution qui pourtant ne nécessite pas d’adaptation.
2012 était l’année de la guerre contre les complémentaires santés qui, lassées de justifier auprès de leurs adhérents le prix très élevé des prothèses, décidaient de lancer leur propre offre en partenariat avec les audioprothésistes les plus volontaires pour permettre une meilleure accessibilité aux soins devenue indispensable compte tenu du très faible taux d’équipement des français. 2013 commence sous des hospices tout aussi hostiles. C’est donc au tour d’Alain Afflelou de subir les foudres de la profession qui tente maintenant d’expliquer que ce travail d’adaptation des prothèses ne pourrait se faire à des prix raisonnables…
En ces temps de Vendée Globe, ils devraient comprendre que cela ne sert à rien de naviguer contre le vent… si ce n’est pour reculer.