Chère, très chère démocratie,
Cette lettre, je te l’adresse car un sentiment double m’habite.
Le format Twitter n’étant pas le plus aisé pour communiquer des troubles et… des pensées, je me réfugie à passer par l’oubliée (quoique en communication politique, La lettre aux Français ait eu et ait toujours quelques adeptes) mais plus expressive, la simple lettre.
Ce sentiment est en effet double et contradictoire. D’un côté, une certaine satisfaction à voir vivre la ferveur d’une élection forte en suspens et en émotions. De l’autre, la désolation de constater, le coût prohibitif à t’animer (de réanimer ?), toi, Chère, Très Chère Démocratie. Jamais, au cours de ton histoire, le coût financier pour te séduire n’avait été aussi élevé. Ce qui pourrait apparaître comme un acte d’engagement à ton égard, en devient par sa démesure, indécent et presque contraire à tes principes.
Contraire, car comment ne peut-on considérer que tu ne sois en danger dans un tel déversement de moyens engagés par tes prétendants ? Certes, mérites-tu cette dépense d’énergie, mais à trop en vouloir, ne t’éloignes-tu pas de ton idéal originel permettant au grand nombre de pouvoir te représenter ?
Indécent car comment peut-on encore considérer que tu ne sois pas en danger à autoriser cette gabegie alors que vainqueur comme vaincu ont laissé filer une dette colossale de 16.000 milliards de dollars ? Indécent et insoutenable à côté des demandes vitales de l’hémisphère sud insatisfaites par manque de moyens précisément financiers.
Alors, oui un de tes plus fervents penseurs et de surcroît admiratif de ton application sur le sol américain, Tocqueville, doit très certainement raviser son sentiment à ton égard. Voir que l’économie règne sur le politique, toi, Très Chère Démocratie, tu dois souffrir en ces jours pénibles.
Tu vois, il me fallait un peu plus que 140 caractères pour te livrer mes sentiments, qui demeureront à jamais, les plus distingués.