Dans son intervention télévisée, Francois Hollande a affiché un besoin très important de plaire à tout le monde, tout en redistribuant les responsabilités de la réussite espérée. François Hollande délègue et fait confiance : à l'Europe, à l'Espagne, aux partenaires sociaux, aux patriotes qui paient plus que les autres, aux chefs d'entreprises, à l'Allemagne. ..Tant et si bien qu'il peut annoncer sans se sentir impliqué le moins du monde que le chômage va progresser pendant un an... Ou puiser alors la confiance, l'énergie pour un entrepreneur de recruter, de risquer ? certes on ne doit pas mentir mais on peut y croire un peu non? si lui pas, pourquoi pas nous ?
Pourquoi les mêmes partenaires sociaux que ceux qui bloquent le pays depuis des années dès qu'il faut engager de vraies réformes, arriveraient ils à sortir un pacte extraordinaire qui conduise à "remettre la croissance" selon l'expression du President de la République François Hollande ?
Comme si l'on pouvait "mettre de la croissance", comme si l'on repeint une pièce.
Les partenaires sociaux dont il parle, sont englués dans des vieux réflexes : qu'est ce qui pourrait les mobiliser suffisamment alors qu'ils défilent dans les rues pour défendre la retraite à 60 ans et les 35 heures.Comment les imaginer participer à ce tournant économique ?
Pourtant, Francois Hollande est très serein, il a la certitude de faire ce qu'il faut et bien ; On aimerait qu'il ait raison mais il ne donne pas de pistes concrètes et surtout craint il d'évidence d'être obligé de réagir par la loi. quelle loi? on ne sait pas mais le sait il lui même ?
En fait, François Hollande est un président en ballotage, en train d'hésiter entre ses promesses d'homme de gauche, et ses responsabilités de Président dont il a d'évidence pris conscience et on peut s'en réjouir. Toutefois il doit ménager la chèvre et le chou au risque de mécontenter un peu tout le monde sans résultat.
On peut se demander si l'embrouille du crédit d'impot n'est pas destinée à noyer le poisson ; à expliquer à la gauche que "non, il ne fait pas de cadeaux" et aux patrons qu'il entend leur besoin de nouvelles armes de compétitivité ? Alors ce crédit d'impôt, ("c'est mieux que rien" soupire t-on sans conviction), suscite un violent sentiment de scepticisme chez les patrons. Peut-être n'inquiète t il pas à gauche, mais il ne rassure pas pour autant les patrons, même en leur promettant "on ne va pas vous épier avec des moyens de contrôle" !
Le consensus encore : Il a un mot gentil pour les contributeurs : "merci de rester pour payer", voila qui est quand même mieux que les insultes qu'on a connues récemment. Sympa avec "les forces vives " aussi qui ont été mises à rude épreuve... le pire reste certainement à venir. les mots les plus sympathiques sont pour ses ministres.
Plutôt sympa, Francois Hollande est d'évidence un Président de bonne volonté. Il aurait pu être en chaire, devant la France, sa paroisse. Croissez et multipliez les emplois... mais donne t-il la foi ? Il promet l'aumône salvatrice mais les chefs d'entreprise ne font pas fait la quête ! ils sont sceptiques et inquiets qu'on leur donne un chèque (sous conditions, lesquelles ??) sans qu'ils fassent de bénéfices, un patron ne croit pas aux miracles...
Les Français restent dans l'expectative économique face à l'impossible équation du Président de la République ; impossible parcequ'il la juge comme telle s'il veut préserver sa majorité. Galvaniser, imposer, convaincre ne fait pas partie de sa méthode.
En trois heures d'intervention, que de sémantique, que de mots de formules, de précautions oratoires !
Pour la Fonction publique par exemple, Francois Hollande danse d'un pied sur l'autre : d'un coté il a promis d'augmenter le nombre de fonctionnaires, de l'autre de réduire les dépenses de l'Etat ?
Que retenir au final ? à certains moments on doute : ou c'est moi qui n'ai pas bien compris, ou c'est que le discours de François Hollande manquait singulièrement de souffle et de véritables repères.