Le mariage pour tous oui, mais plus les allocations familiales pour tous ! Le gouvernement avait demandé au Haut Conseil de la Famille de chiffrer les économies à réaliser dans le secteur délicat des prestations familiales d'ici 2016, qui bénéficient à des centaines de milliers de familles, parfois sans conditions de ressources. L'institution, qui doit rendre son rapport jeudi et auquel Les Echos ont eu accès, a donné son verdict : 2,2 milliards d'euros vont devoir être rabotés. Pas vraiment une bagatelle !
Le rapport évoque un effort « significatif » mais une pression « pas aberrante », notamment en comparaison avec ce que les pays voisins mettent en oeuvre pour redresser leurs comptes publics.
Alors qui va voir les largesses de l'Etat diminuer le plus ? Difficile de savoir pour l'heure, le Haut Conseil ne devant rendre ses propositions d'économies qu'à la fin du mois. Une chose est sûre : l'universalité de certaines aides, c'est-à-dire le fait qu'elles bénéficient à tous les types de familles, riches ou modestes, est de plus en plus remise en cause. Il faut dire qu'actuellement, la moitié des prestations familiales sont attribuées sans aucune condition de ressources, soit tout de même 15 milliards d'euros chaque année.
Il s'agit notamment des aides aux familles monoparentales et de l'allocation pour le congé parental. Mais aussi, et surtout bien-sûr, les célèbres allocations familiales, créées en 1938 et versées avec un barème progressif qui augmente en fonction du nombre d'enfants et sans tenir compte des revenus du ménage, en vertu d'un principe d'égalité. Selon la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF), 73% des familles touchent des allocations familiales : 127 euros par mois à partir de deux enfants, et jusqu'à 452 euros pour quatre enfants, plus 162 euros pour chaque rejeton supplémentaire. Cela fait des décennies que l'idée de les verser en fonction des revenus des parents est évoquée –comme le rappelle Le Monde, Raymond Barre en parlait dans ses meetings en 1987 !. Seul Lionel Jospin l'a fait, comme le rappelle Rue89.com : il avait alors plafonné les « allocs » à 25 000 francs (3 800 euros) par mois par foyer, privant ainsi 351 000 foyers d'aides et permettant par la même occasion à la Cnaf d'économiser 837 millions d'euros d'économies.
Autre piste à l'étude, la fiscalisation des aides à la famille, comme l'a suggéré Didier Migaud, le président de la Cour des comptes. Cela signifierait qu'il faudrait payer des impôts dessus, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. En somme il faudrait redonner à l'Etat une partie de ce qu'il vous a donné...