C'est un « brouillon » s'est exclamé le président du Parlement, Martin Schulz ! Les députés européens ont rejeté hier à Strasbourg le projet de budget communautaire pour la période 2014-2020 qui leur était soumis par les chefs d'Etat des vingt-sept pays d'Europe. Ce n'est pas vraiment une surprise en réalité : dès que les élus avaient reçu le document, fruit de longues négociations, ils avaient exprimé leurs doutes. Un sacré veto ! Le Parlement européen a décidé de jouer les contre-pouvoirs...
Pour les eurodéputés, le budget est à la fois d'un montant trop bas et d'un aspect trop rigide. Son montant, d'abord : 960 milliards d'euros en crédits d'engagement et 908 milliards en crédits de paiement. C'est trop peu ! Les députés exigent une rallonge de quelques milliards. Ils refusent d'accepter que l'enveloppe ne représente qu'1% de la richesse communautaire et qu'elle soit en baisse pour la première fois de son histoire (-3%). « C'est un non-sens historique, économique, géopolitique et démocratique » expliquait ainsi dans le Figaro en février Guillaume Klossa, président du think-tank européen EuropaNova.
Sa rigidité, ensuite : les députés exigent que le budget soit plus flexible, c'est-à-dire qu'il puisse être révisé en cours de route si nécessaire, et donc évoluer d'une année sur l'autre plutôt que d'être figé ainsi pour les sept ans à venir. Plus flexible aussi afin que des crédits puissent être transférés d'une ligne budgétaire à l'autre, ce qui n'est pour l'heure pas possible. Ils veulent aussi que l'Union Européenne possède son propre budget (actuellement, ce sont les Etats membres qui abondent son compte en banque à hauteur de 80%). En somme, les eurodéputés souhaitent « que l'Union dispose d'un budget moderne, prévoyant, souple et transparent, qui puisse produire de la croissance et des emplois » explique la résolution présentée notamment par les Socialistes, les Libéraux et les Verts.
C'est la première fois de l'histoire qu'il est demandé au Parlement européen d'approuver ou de rejeter le budget, ce qu'ils ont fait, sachant qu'ils n'ont pas le droit de l'amender. Le traité de Lisbonne, en 2009, a en effet considérablement élargi ses pouvoirs. Loin d'être un « brouillon », le texte préparé par les chefs d'Etat des pays d'Europe a en fait demandé plus d'un an et demi de discussions !
De nouvelles négociations vont vraisemblablement s'ouvrir. Les différentes parties vont devoir trouver un compromis d'ici l'été.