Pas contents. Les représentants de l'Union européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne, la fameuse « troïka », ont claqué la porte grecque. C'est la deuxième fois en trois ans seulement qu'ils s'en vont, pour exprimer leur mécontentement absolu. Ils étaient à Athènes depuis une semaine pour réaliser un audit trimestriel des finances grecques. Le problème, c'est que l'enjeu pour la Grèce de cette nouvelle dispute est lourd : le pays pourrait se voir refuser –temporairement, sans doute- le versement d'un nouveau prêt de 2,8 milliards d'euros.
Pourquoi ont-ils claqué les talons ?! Parce qu'ils estiment en substance que la Grèce ne fait pas assez d'efforts ! Premièrement, la troïka exige que l'Etat grec diminue plus et plus vite son train de vie. Anthonis Samaras, Premier ministre, avait promis de supprimer 7 000 postes dans la fonction publique cette année, 17 000 l'an prochain, afin de tenir l'objectif de 150 000 postes de fonctionnaires en moins d'ici fin 2015 (actuellement, on en compte environ 770 000). Mais il s'avoue aujourd'hui incapable de tenir sa promesse, tant cela risque de mettre son pays à feu et à sang. Le chômage a notamment atteint 26% de la population active au quatrième trimestre 2012.
Ensuite, la troïka veut que les privatisations s'accélèrent et que quatre des principales banques du pays soient recapitalisées. Alors que de son côté, le gouvernement grec veut baisser le taux de la TVA sur la restauration, actuellement de 23%, qui lui a été imposé en 2011, et qui étrangle son activité touristique, principale source de recettes.
L'interruption précipitée des discussions intervient alors qu'une étude de l'Organisation bancaire internationale met le feu aux poudres : les efforts demandés à la Grèce sont taxés d'"irréalisables". Daprès elle, les bailleurs de la Grèce doivent impérativement assouplir leurs exigences de rigueur. L'étude établit une comparaison avec l'Irlande, où « les mesures d'ajustement ont été douloureuses mais plus gérables politiquement et socialement ». Il faut dire que l'effort de réduction de déficit budgétaire imposé à l'Irlande s'élevait à 1,7% de PIB par an, quand celui demandé à la Grèce dépasse les 5,2%.
Reste que sans cette nouvelle aide versée, la Grèce aura du mal à se rétablir. Si le pays est « sorti de la salle des urgences, il n'est pas sorti de l'hôpital » a prévenu le Premier ministre. La délégation internationale a prévu de revenir en avril.