L’expropriation légalisée et collectivisation bancaire

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Par Charles Sannat Publié le 18 mars 2014 à 13h30

Il se passe des choses absolument extraordinaires dans notre Europe du 21e siècle censé être un nouveau siècle des « lumières » grâce à la sagesse atteinte par nos générations modernes, alors que les anciennes étaient des sauvages, et à nos nouvelles technologies… c’est évidemment ironique tant nos lumières semblent s’éteindre les unes après les autres.

La crise que nous affrontons depuis maintenant 7 ans (je sais, je me répète mais j’insiste) nous permet de découvrir nos dirigeants et nos autorités sous un jour auquel nous ne nous attendions pas forcément et un jour d’ailleurs qu’encore une fois la majorité d’entre nous ne veut pas voir car cela remet profondément en cause nos croyances notamment sur les belles « démocrassies » que nous sommes devenus.

Il existe en ce bas monde quelques principes simples et qui permettent à chacun d’entre nous de jouir d’une liberté relative, quelques principes, et ils sont peu nombreux, qui différencient une démocratie d’une dictature, or ces derniers temps, ces quelques principes subissent des attaques sans précédent, nos droits sont érodés et consciencieusement rabotés au profit d’un endoctrinement massif des populations ayant pour objectif final la captation du maximum de richesses par un minimum de personnes. Le tout est évidemment habillé à travers un verbiage fumeux permettant de faire croire aux masses que tout est évidemment fait pour leur plus grand bien. C’est là que la force des mots intervient ainsi d’ailleurs que leur sens !

La propriété privée !

La propriété privée, c’est-à-dire le respect de votre droit à posséder quelque chose, à l’utiliser et à le transmettre si bon vous semble, est bien entendu l’un des piliers de la liberté. Sans respect de la propriété, et je dirais même plus sans protection de la propriété privée, il n’y a point de liberté en général et de liberté économique en particulier.

Dans le système capitaliste, la propriété privée tient une place toute particulière dans la mesure où elle est le préalable à toute croissance économique durable et pérenne. Il y a bien eu quelques exemples de collectivisation par le passé où la propriété privée était niée, annihilée et où tout ce qui était à toi était aussi à moi. Plus personne n’ayant vraiment rien et ne pouvant rien avoir, il n’y avait plus vraiment d’incitations positives. Ce qui devait se passer se passa, à savoir que sans un système de répression phénoménal l’ensemble de l’expérience communiste aurait pris fin encore plus rapidement que ce qui se passa, et les peuples de l’Est durent endurer 70 ans d’un système parfaitement abominable.

Alors il était important de rappeler justement l’importance du principe de propriété privée. Or en Europe, en Espagne plus précisément, une loi vient d’abolir purement et simplement ce principe et d’octroyer aux banques une licence massive d’expropriation non pas des propriétaires immobiliers qui ne rembourseraient pas leur crédit mais des actionnaires des entreprises !! Cette loi est tout bonnement hallucinante et je vais vous expliquer pourquoi elle est extrêmement dangereuse et constitue un précédent alarmant.

Tout d’abord, une action d’une entreprise est un titre de propriété privée. Vous êtes propriétaire d’une fraction de l’entreprise Tartempion SA. Par définition, en tant qu’actionnaire qui plus est minoritaire, vous n’êtes pas responsables indéfiniment des dettes de l’entreprise. Votre responsabilité s’arrête à la valeur de votre action qui peut valoir zéro en cas de faillite de l’entreprise, ce qui est parfaitement logique.

L’Espagne comme la France sont des pays confrontés à une épidémie de faillites d’entreprises, et on ne parle pas ici des grands groupes cotés au CAC 40 qui se portent comme des charmes, on parle des centaines de milliers de PME qui périclitent sous les coups de butoir d’une crise économique qui n’en finit pas.


Que dit la nouvelle loi espagnole sur les faillites ?

Elle met fin tout simplement à la notion de propriété privée et va octroyer aux banques la possibilité de se saisir comme bon leur semble des entreprises de leur choix.

En effet, cette nouvelle loi sur les faillites stipule que si jamais l’entreprise est en défaut de paiement (notamment à l’égard de ses banques qui sont en général les créanciers), alors les actionnaires sont tenus de façon obligatoire d’apporter à la banque l’ensemble des actions qu’ils détiennent dans le cadre des plans de renégociation des dettes. Si jamais les actionnaires refusent de donner leurs actions à la banque en contrepartie du « sauvetage » de leur entreprise, alors les actionnaires deviennent responsables indéfiniment sur leurs biens personnels des dettes de l’entreprise, ce qui est un non-sens économique absolu.

Le métier de banquier consiste justement normalement à apprécier les risques et à ne prêter que lorsque les perspectives de gains sont supérieures aux possibilités de pertes. La marge des banquiers servant à absorber les erreurs d’appréciation. C’est ce que l’on nomme le « coût du risque ».

Lorsque les entreprises espagnoles vont avoir besoin de se refinancer, et cela arrive ni plus ni moins qu’à toutes les entreprises qu’elles soient en faillite ou pas, il suffira que la banque créancière dise… « Houlalalala mon brave monsieur, je ne vous refinance pas. Trop de risques. Il y aurait bien une solution si vous ne tenez pas à mettre la clef sous la porte d’ici demain. Vous pourriez me donner toutes vos actions. »

Ainsi, les banques ne sauveront avec cette loi pas plus les entreprises en faillite demain qu’aujourd’hui, en revanche elles disposeront bientôt du plus puissant outil juridique pour exproprier l’ensemble des propriétaires d’entreprises. Elles pourront donc capter la propriété des entreprises sans avoir à débourser le moindre centime d’euro, il ne sera même pas nécessaire de « dédommager » les actionnaires-propriétaires.

Dans cette crise, nous en avons vu beaucoup de principes foulés aux pieds, mais c’est la première fois que s’affiche ainsi le pouvoir absolu des banques qui dirigent le monde, ou plus précisément sont en train de réduire en esclavage le monde.

Un petit conseil, fuyez les crédits !

Au-delà de tous les aspects moraux, nous entrons dans une période où le crédit que vous devez rembourser vous enchaînera encore plus que ce n’était le cas jusqu’à maintenant. Avoir une dette sera être à la merci de son banquier, et croyez-moi il ne vous veut aucun bien. Il a juste besoin de votre argent et c’est lui qui fait les lois… et la loi, c’est celle du plus fort. Évitez au maximum l’endettement et le crédit, et avant d’acheter un bien immobilier en signant un prêt sur trente ans… réfléchissez bien.

Vous avez donc sous les yeux une nouvelle preuve que ce sont bien les banques qui dirigent le monde… pour notre plus grand malheur. Bienvenue dans le kolkhoze bancaire…

Restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez bien !!

Au coffre Le Contrarien Charles Sannat

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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