Un véritable satisfecit pour les marchés boursiers. Longtemps redoutée, la fameuse réunion du FOMC a livré un verdict plutôt inattendu et très favorables aux actifs risqués. La banque centrale américaine a en effet estimé que l’amélioration des fondamentaux macroéconomiques américains n’étaient pas assez fiables pour alléger sa stimulation monétaire.
La planche à billets va donc continuer à tourner à plein régime grâce au maintien du programme de la Fed (quantitative easing), qui consiste pour la banque centrale à racheter près de 45 milliards de dollars par mois de bons du Trésor américains, et environ 40 milliards de dollars de titres hypothécaires.
Pourquoi Ben Bernanke a-t-il remisé l’hypothèse d’une diminution du quantitative easing, pourtant évoquée dès le mois de mai, alors que le gonflement massif du bilan de l’institution peut, à terme, devenir un facteur de risque ? Outre le sentiment que l’économie n’est pas encore assez robuste pour redevenir autonome, le gouverneur de la Fed appréhende une déstabilisation de la reprise par les sempiternelles problématiques budgétaires. En effet, le Congrès américain devra une nouvelle fois s’entendre avant le 1er octobre pour re-plafonner les dépenses de l’État. À quelques jours de cette échéance cruciale qui pourrait générer quelques secousses, la Réserve Fédérale a préféré jouer la prudence en affichant pleinement son soutien aux marchés financiers.
Il s’agit là d’un signe fort démontrant que la Fed continue de faire tout ce qui est en son pouvoir pour contenir les taux longs américains, qui avaient subi une tension notable ces derniers mois. Et par conséquent continuer à inciter les agents économiques à investir, en leur octroyant de faibles coûts d’emprunt. C’est en ce sens que Ben Bernanke a déclaré que la Fed souhaitait maintenir « ses taux directeurs à un niveau proche de zéro, tant que le taux de chômage américain ne sera pas beaucoup plus bas que 6,5% ».
Déjà galvanisés il y a quelques jours par l’annonce de la très probable nomination de Janet Yellen, fervente défenseur d’une politique très accommodante, à la succession de Ben Bernanke, les marchés ont réagi avec ferveur aux orientations données par la Fed. Un violent rebond s’est produit sur l’ensemble des places boursières et des classes d’actifs. Comme à son habitude depuis près d’un an, Wall Street a profité d’un tel catalyseur pour établir de nouveaux records absolus de valorisation. Même trajectoire pour le Dax, qui atteint la barre historique de 8 670 points, tandis que les détenteurs d’obligations souveraines ont bénéficié de plus-values (le taux à dix ans U.S s’est détendu à 2,7% soit une baisse de 25 points de base). L’or aussi s’est fermement redressé, après avoir pourtant flirté avec les 1 200 dollars mardi. Historiquement, une politique monétaire laxiste (donc inflationniste) joue plutôt en faveur d’un mouvement, qui par corrélation, a tendance à affaiblir le dollar et à valoriser l’once d’or.
Attention toutefois. L’euphorie des marchés pourrait très vite s’estomper. Maintenant que le spectre du virage monétaire de la Fed s’est éloigné, des prises de bénéfices vont probablement s’opérer et les investisseurs vont être attentifs à d’autres catalyseurs. Le rythme du redressement économique, non seulement à l’échelle des États-Unis, mais aussi sur le plan global sera l’une des préoccupations centrales des intervenants de marché. La faculté des entreprises à générer des marges, à réinvestir dans l’appareil productif, l’innovation ou dans des acquisitions, pour assurer leur croissance externe, sera attentivement décryptée. Car n’oublions pas les fondamentaux. Si la Fed s’est abstenue de ralentir son programme de stimulation monétaire, c’est bien parce que la reprise de la croissance économique n’est pas totalement satisfaisante. Une « bonne nouvelle monétaire » n’est décidément pas synonyme de « bonne nouvelle macroéconomique ». Le paradoxe de l’environnement de marché actuel.