Le quotidien le Monde vient de résumer à sa façon la réélection d’Angela Merkel avec ce titre choc : "Le pouvoir a un nom : Angela Merkel" (lire ici). Et bien, voilà un point commun entre la presse française et la presse anglo-saxonne : Un irrésistible besoin d’associer « pouvoir » avec « incarnation du pouvoir ». Cette confusion alimente un des mythes du leadership dont je parle dans mon livre « Le génie du leadership : mythes et défis de l’action managériale » (Dunod 2013). Il s’agit du mythe du leader héroïque avec en introduction cet extrait d’un dialogue entre deux personnages d’une pièce de Berthold Brecht : « Malheureux le pays qui n’a pas de héros. » dit l’un. Non, lui répond un autre : « Malheureux le pays qui a besoin de héros… »
Le succès de la politique économique d'Angela Merkel a payé
En fait, la réélection d’Angela Merkel est indissociable de l’efficacité économique et sociale de l’Allemagne en comparaison de ses voisins européens dont la France fait partie. C’est la convergence entre les réglementations sociales et économiques allemandes, le dispositif fédéral (les Länder représentent une forme aboutie de décentralisation) et le réalisme prévalent des dirigeants politiques face à la mondialisation qui ont concouru à sa réélection. Autrement dit, les règles façonnent les succès d’une nation au-delà du style de son leader institutionnel.
C’est un peu comme pour les entreprises : le véritable leadership se trouve dans la relation qui existe entre le dirigeant et son collectif. Mais la qualité de cette relation dépend avant tout du profil des personnes en présence et puis, tout de suite après, des conditions et modalités de travail. Ainsi, après la sélection et le développement des personnes, les règles de fonctionnement, la législation, le dialogue social, les rémunérations fixes et variables jouent un rôle considérable qui va bien au-delà du style du dirigeant.
La confiance est une question de résultats, pas de promesses
Voilà pourquoi, le leadership a toujours besoin de résultats pour s’affirmer et perdurer. La magie du verbe et les acrobaties lexicales peuvent plaire à quelques esthètes du genre. Comme le dit très justement Stéphane Foux : « Quand on a rien à dire, ce n’est pas la peine de le faire savoir ». Et pourtant, dans une société hypermédiatisée, on a tendance à oublier que la confiance est davantage une question de résultats que de promesses. La réélection d’Angela en est une belle illustration.