Les responsables environnementaux sont réunis à Doha, lundi 26 novembre, à l’occasion de l’ouverture de la 18ème conférence sur le climat des Nations unies. À peine entamé, ce sommet laisse déjà les écologistes sceptiques : le Qatar est le pays le plus pollueur du monde et les efforts difficilement concédés l’an dernier à Durban promettent des discussions houleuses lors de cette nouvelle édition qui réunit 190 pays.
À peine entamé, ce sommet crée déjà une polémique, une polémique née il y a près d’un an, lorsque réunis à Durban, en Afrique du Sud, les responsables de l’environnement pour les Nations unies, ont annoncé la prochaine destination du Sommet.
Préférée à Séoul, capitale sud-coréenne, Doha a depuis suscité de nombreuses critiques. Le minuscule Qatar – cette péninsule de 11 000 km², soit un tiers de la Belgique – est le plus gros producteur de gaz à effet de serre par habitant.
Chaque année, un Qatari produira en moyenne 44 tonnes de CO², soit, selon les données de l’ONU en 2009, trois fois plus qu’un Américain (17 tonnes), huit fois plus qu’un Chinois (six tonnes) et 22 fois plus qu’un Indien (deux tonnes).
La richesse du Qatar fait également sa pollution. Le pays regorge de ressources gazières et de puits de pétrole, ce qui en fait un des pays les plus riches du monde. Ce sont les infrastructures du Qatar et son industrie extrêmement intensive en énergie qui sont aujourd’hui la cause de cette pollution démesurée. Selon les dernières données de l’Agence internationale de l’énergie en 2011, le Qatar est le 18ème producteur de pétrole au monde et le 5ème pour la production de gaz. La production d’hydrocarbures assure 75% des recettes du budget du Qatar et le pays aurait, selon ses estimations, assez de gaz pour tenir pendant environ soixante ans. Ce pays, très désertique en dehors de Doha, est également un des plus chauds du monde et les températures peuvent atteindre 45° en été. Pour alimenter sa région en eau, le Qatar a recours au dessalement de l’eau de mer, une pratique très énergivore qui fait également du pays un des plus grands consommateurs d’eau au monde – 400 litres par an et par habitant.
Doha accueille la conférence de l’ONU sur le climat et paradoxalement, le pays n’est tenu à aucun effort pour la planète. En effet, actuellement, le seul accord international qui contraint certains pays à prendre des mesures pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre est le protocole de Kyoto, signé en 1997. Ce protocole a permis à l’ONU de fixer certains engagements pour les pays signataires. Or, à l’époque de la signature, seuls les pays industrialisés se sont vu fixer des objectifs à atteindre. Considéré comme un pays en voie de développement au moment de la signature du protocole, le Qatar a été exempté de ces objectifs. Si des efforts pourraient être fournis – le Qatar a témoigné de sa volonté pour mener certains engagements – la communauté internationale peine à trouver un nouvel accord qui impliquerait également les pays émergents.
Le Sommet de Durban, organisé l’année dernière, a été le théâtre d’intérêts particuliers peu enclins à trouver un consensus autour de nouveaux objectifs. Les plus gros pollueurs – Chine, États-Unis, Canada, Inde, Japon – ont refusé, pour ceux qui entraient dans le cadre du protocole, de prolonger leur engagement pour une nouvelle période. Conclusion : seule l’Union européenne a décidé de poursuivre ses efforts, mais le territoire européen, à lui seul, ne représente que 15% des émissions mondiales. Le Sommet de Durban avait également permis la mise en place d’un Fonds vert, créé l’année précédente lors du Sommet de Cancun, et dont l’objectif est d’impliquer et d’aider les pays en développement dans la réduction de gaz à effet de serre.
Malgré tout, ces pays estiment que faire les efforts demandés freineraient sensiblement leur croissance. Ils estiment également que les pays déjà développés ont une responsabilité historique qui les engage à faire plus d’efforts que les pays en voie de développement. Pessimistes à la sortie du sommet de Durban, les écologistes ne montrent pas beaucoup de signes d’espoir en cette journée d’ouverture du Sommet de Doha. Le Qatar a une lourde réputation sur la scène écologique internationale et les Qataris se sont longtemps fait remarquer pour freiner tous les accords sur les limitations d’émissions de CO².