La séquence navrante d'une UMP en guerre contre elle même ne doit pas faire oublier les vrais problèmes qui minent la France et l'empêchent de redécoller. Comme dans un mauvais film où l'on sent le dénouement arriver depuis 20 minutes, le moment de vérité du quinquennat de François Hollande s'avance. Celui où l'on devra constater que l'heure n'est plus au choix mais à la résignation car rien de significatif ou presque n'aura été fait pour éviter le mur.
Avant d'en arriver là, et parce que l'agonie du malade peut encore durer longtemps, la France doit faire des économies et revenir à un budget d'équilibre.
On aurait pu croire que les nombreuses hausses d'impôts donneraient de l'air à un budget plombé par des intérêts de dette faramineux et un poids en ressources humaines colossal. Mais ça, c'était avant la dégradation de la note de la France par Moody's... On comprend maintenant que cette spirale de hausse des impôts ne fait que serrer d'avantage la corde autour du cou des contribuables, entreprises et particuliers.
Tous les indicateurs sont au rouge : les délais de paiement des entreprises s'allongent, les défauts de PME sont de plus en plus nombreux, pendant ce temps le Ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, virevolte de table rondes en table rondes pour acter son incapacité à enrayer la spirale des plans sociaux et agite les communiqués les plus loufoques.
Songez aussi qu'aujourd'hui, en France, chaque nouveau né de notre belle nation se voit chargé, au lieu de naître avec un capital ou une rente à gérer comme dans bien des pays, d'une dette de près de 20.000 €... Dépense publique, quand tu nous tiens...
François Hollande donc a décidé de régler le problème par des hausses de prélèvements. Si nous avions les impôts les plus bas du monde, nous pourrions bien sûr envisager de les augmenter. Si l'État ne taxait qu'une part infime des richesses produites, on pourrait alors inventer de nouvelles taxes, c'est un sport dans lequel nous sommes champions !
La situation de la France est toute autre et prélever d'avantage de la richesse produite ne nous conduira nulle part. Le poids de l'État et des collectivités en France est tellement élevé qu'on s'y perd (imaginez pour un étranger), les services de l'État sont pléthoriques (le premier employeur au monde : l'Education nationale), on y ajoute un nombre constamment plus grand d'agences d'État, dont personne ne sait ce qu'elles font réellement. Finalement nous avons atteint une certain niveau d'excellence : nos brillants fonctionnaires ont porté le raffinement des règlements et des interdictions à un tel niveau de subtilité que je propose que nous imaginions un concours où la France pourrait enfin avoir la première place...
Contrairement à ce que le projet du PS voulait nous faire croire, après cinq ans de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, la France n'est pas sous administrée.
Cette mauvaise habitude de confier à l'État le soin de boucher les trous du chômage en fonctionnarisant l'emploi en période de crise a un corollaire moins connu, je veux parler de notre habitude de solidarité et d'accueil. Certes très louable, elle n'est malheureusement plus compatible avec la rentabilité en berne d'une économie post-industrielle en manque de ressources.
À ces handicaps s'ajoutent une pelletée d'acquis sociaux. Ces mêmes acquis qui servaient légitimement à partager les fruits de la croissance dans les années 70, font aujourd'hui figure de lierre sur une façade en ruine. N'est ce pas dangereux de garder intactes les politiques publiques que nous avons mis en place pendant les 30 glorieuses alors que l'économie était florissante ? Rendons nous à l'évidence, nous ne renouerons pas de sitôt avec les 6% de croissance.
Départ à la retraite à 60 ans, 35 heures, dispositifs de préretraite généreux, financement public des syndicats, solidarité maximum pour les transports et la santé...
Le meilleur côtoie le pire en France : si la génération de nos parents et certains privilégiés bénéficient encore de ces régimes très coûteux, les jeunes sans réseau paient la facture. Ils enchainent les stages et peinent à trouver du boulot, la solidarité générationnelle sur le marché de l'emploi est parfois toute relative...
Ces simples observations peuvent être partagées par tout un chacun. On peut bien sûr être satisfait des services rendus par lesdites administrations, ou souhaiter que l'on puisse continuer à aider ses prochains qui sont véritablement dans le besoin. Je n'appelle pas à une économie égoïste du chacun pour soi, mais demain, si nous ne choisissons pas de remettre un peu d'équilibre dans nos comptes, qui paiera cette solidarité aux plus démunis ?
C'est bien pour la sauver qu'il faut y faire le tri. Alors que les grandes familles de l'aristocratie ont été forcées d'abandonner leurs domestiques au début du XXe siècle, incapables au début d'imaginer une vie sans ces « services », nous avons en France des habitudes de pays aisé.
Nous l'avons vu, la France cumule aujourd'hui les handicaps. N'est-il pas temps de remettre enfin l'État à sa vraie place : administrer et gérer les services essentiels au fonctionnement du pays, encourager et non entraver l'initiative privée et enfin, rééquilibrer les rapports de forces ?
En la matière, on me permettra d'être perplexe par les orientations dessinées par le gouvernement Ayrault : en taxant encore plus l'activité d'un pays déjà fort peu compétitif, le gouvernement plombe un peu plus nos chances de réussites.
On me permettra de terminer sur cette comparaison : vider le kérosène d'un avion trop lourd n'a jamais fait aller plus vite bien longtemps !