Ces derniers mois, la perception du risque s’est sensiblement modifiée. Les investisseurs ne se polarisent plus seulement sur les possibles mauvaises nouvelles en provenance des marchés financiers qui entretenaient un climat de panique permanent.
Si les prévisions de l’activité économique sont médiocres pour 2013, de réels progrès sont aussi à l’œuvre. Des réformes structurelles ont été entreprises en Europe comme aux États-Unis via le processus de réindustrialisation permis par une inflexion sur la politique énergétique. Les économies émergentes s’orientent désormais vers la recherche d’un modèle de croissance autonome tourné vers les marchés domestiques. Ces évolutions seront lentes à mesurer, mais le marché a décidé de “s’acheter du temps”.
Sur fond de politiques monétaires accommodantes dans plusieurs régions du monde et d’une réglementation institutionnelle un peu plus favorable (Bâle III pour les banques) ou de nouveau décalée dans le temps (Solvency II pour les assureurs), les investisseurs retrouvent peu à peu l’appétit pour les actifs risqués.
L’allocation d’actifs 2013 ne sera probablement pas une marche tranquille car de nombreux dangers reviendront probablement sur le devant de la scène : questions de soutenabilité des dettes, croissance toujours atone… Mais le marché semble avoir tourné la page du scénario de déflation mondiale, de défaut souverain et de faillite bancaire.
Privilégier les dettes émergentes et à haut rendement
Certains actifs obligataires ont épuisé quasiment tout leur potentiel. Les obligations des États core (ou considérées comme telles) n’offrent plus que des rendements très bas, tout comme le crédit investment grade. Par conséquent, l’allocation d’actifs obligataire devra s’autoriser plus de risque en 2013. Certains États périphériques en zone euro, la dette émergente, le high yield (obligation à haut rendement) ou des actifs privés comme les loans (contrats privés de prêts consentis à une entreprise par une ou plusieurs institutions financières), nous semblent être porteurs pour l’année qui s’ouvre.
Si toutefois, la croissance devait surprendre à la hausse (ce que l’on ne peut exclure désormais), il faudrait alors se méfier de ces actifs zone par zone et leur préférer les actions. En effet, si la croissance américaine s’établissait un peu au-dessus du consensus des 2 % (entre 2,5 % et 3 % sur l’année par exemple), des tensions inflationnistes pourraient être ravivées dans les économies émergentes. Dans ces zones en effet, certaines banques centrales s’emploient toujours à refuser l’impact de l’importation du quantitative easing US par les changes flottants, et continuent de maintenir une politique monétaire un peu laxiste pour ne pas trop pénaliser leurs exportations.
Les actions de la zone euro refont leur retard
Les actions continuent leur progression dans un contexte de perception du risque déclinante. Les zones en retard, comme la zone euro, pourraient continuer leur rattrapage.
Même si cela n’est pas totalement injustifié, l’indice S&P 500 aux États-Unis est pratiquement revenu sur son plus haut de 2007 et de 2000. Avec les dividendes, le niveau de l’indice capitalisant ses revenus est plus élevé. Toutes proportions gardées, cela correspondrait à envisager un CAC 40 autour des 6 000 points.
Guerre des changes et pétrole cher
La guerre des changes est prononcée. Le yen, la Livre Sterling, le Franc suisse ont enregistré des baisses plus qu’importantes ces dernières semaines, résultat de politiques monétaires agressives visant à éviter que ces pays ne soient les grands perdants de la reprise, ou conséquence de fin de rôle de “valeur refuge” pour certaines de ces devises. Il ne faudra certainement pas tabler sur un recul du pétrole pour donner le coup de pouce nécessaire pour doper la croissance mondiale en 2013. Le baril reste à un prix relativement élevé, même si un retour de l’Iran dans le concert international pourrait alimenter des excès d’offre.